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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 16:02

Un an après notre découverte des basques du Wyoming, l’opus suivant des aventures du shérif du comté d’Absaroka débarque. Nous sommes dans la continuité et le comté va subir sa première infidélité. Pour cette fois, ce sera Philadelphie. Kindness goes unpunished en est le titre (d’après une citation du Philadelphia Enquirer proposant une définition pour cette ville arrosée par le Delaware), L’indien blanc dans sa version française.

Quelle est cette gentillesse qui reste impunie ? Et qu’est-ce qu’un indien blanc ?

Pour le savoir, nous partons à la suite de Walt Longmire et d’Henry Standing Bear pour la principale ville de L'indien blanc (Gallmeister, 2007)Pennsylvanie. Un changement d’échelle, nous quittons le comté le moins peuplé de l’état le moins peuplé pour une des plus grandes villes des Etats-Unis. Henry Standing Bear y va pour une conférence sur les photos mennonites qu’il réunissait depuis quelques temps déjà et qui vont faire l’objet d’une exposition. Le shérif en profite pour l’accompagner, voir sa fille, Cady, et, par la même occasion, faire la connaissance de l’avocat avec lequel elle partage plus que le même métier… Alors qu’il arrive en ville et se prépare à s’installer dans la maison de sa fille, celle-ci est agressée et laissée dans le coma. Longmire va faire la connaissance de la famille de Vic, son adjointe, dans ces circonstances. Les Moretti sont flics et vont lui ouvrir les portes de l’enquête. Entre l’hôpital où il veille sa fille et les rues de Philadelphie qu’il longe à la recherche du coupable de l’agression qui l’a laissée sur le carreau, notre shérif va avancer avec cette volonté, cette inertie qu’il est difficile d’arrêter une fois qu’il est lancé.

L’enquête progresse tandis que Cady donne des signes qui pourraient laisser penser qu’elle fait de même.

Drôles de circonstances pour découvrir la vie de sa fille… C’est pourtant ce qui arrive à Longmire. Drôles de circonstances pour faire connaissance avec la famille de cette adjointe qui le trouble tant… Pour mener une enquête, il faut fouiller dans la vie de la victime et Longmire se demande la place qu’il a dans celle de sa fille. C’est une enquête qui touche à l’intime, qui véhicule tellement d’émotions qu’il lui faut toutes ses capacités pour la mener à bien.

Les questions qui se posent en ouvrant le livre finissent par trouver une réponse ou les mots de Johnson nous aident à en trouver une, à cheminer vers ce qui pourrait en être une. Et, comme nous, Philadelphie sera un peu chamboulée après le passage du shérif et de la Nation Cheyenne.

Une nouvelle fois, Craig Johnson nous touche. Il nous apporte son lot d’émotions et nous prouve que son style, son rythme, s’adaptent également à un univers urbain. Les relations entre les personnages s’enrichissent et le personnage central s’affirme encore et toujours comme profondément humain, d’une sensibilité tout en nuance, pudique.

 

Toujours à une cadence annuelle arrive l’opus suivant. Nous sommes en 2008 dans le Wyoming et les états environnants, en 2012 par chez nous.

Cette fois, c’est le passé de notre shérif narrateur qui ressurgit. Another man’s mocassins devient, en France, Enfants de poussière. Le titre anglais fait allusion à une prière indienne qui supplie le Grand Esprit de nous garder de critiquer un autre homme tant qu’on n’a pas marché une heure dans ses chaussures. En français, il reprend l’un des éléments de l’intrigue, un élément important… Un élément qui rappelle des heures sombres à Longmire, des heures sombres pour son pays. Cette guerre du Viet Nam dans laquelle Henry et lui ont combattu.

La construction du livre est différente des précédents. Pour revenir dans le passé, nous lisons ce qui pourrait être le journal du soldat Longmire. De celui qui était déjà enquêteur dans les marines, on ne peut pas échapper à son destin. Et nous alternons entre le passé et le présent. Le passé autour d’une enquête que Walt Longmire a déjà évoquée dans un opus précédent, le présent autour d’une enquête qui voit revenir les souvenirs. Le présent qui voit, encoreEnfants de poussière (Gallmeister, 2008) et toujours, l’entourage de Walt avancer, évoluer, changer avec le temps, à la manière de Cady qui retrouve petit à petit une autonomie…

C’est un sujet délicat qu’aborde Craig Johnson, un sujet politique, qui touche à un pan sensible de l’histoire de son pays. Un pan récent, dont les conséquences se font sentir maintenant encore. Un sujet qui lui permet de pointer du doigt les côtés pervers que peuvent avoir certaines lois, a priori pétries de bonnes intentions, et dont l’homme peut s’emparer pour en tirer profit… L’homme, cet animal égoïste, centré sur lui et sans scrupule.

Walt Longmire, avec ses doutes, sa difficulté à prendre en main sa vie personnelle, rassure et peut nous laisser penser que tout n’est pas pourri. Et tous ces gens qui l’entourent, qui le soutiennent, pour qu’il puisse avancer, mener à bien son combat. Cette lutte contre un mal qui peut elle-même entraîner des souffrances. Des dommages collatéraux.

Après ces européens immigrés en Amérique, voulant prendre la place des autochtones, après ces autres européens que l’on a fait venir pour leurs capacités à élever un bétail que les premiers immigrants ne connaissaient pas. Après ces communautés forcées de cohabiter après s’être combattues, une nouvelle vague arrive d’Asie, d’un endroit que les états-uniens n’ont pas épargné. Ces souffrances que nous décrit Craig Johnson avec tact, dont il nous décrit les conséquences, pourraient presque devenir les nôtres. Mais elles ne le seront jamais vraiment tant que nous n’aurons pas enfilé les chaussures des autres, tant que nous n’aurons pas marché avec pendant suffisamment longtemps.

 

Nous en sommes là, pour l’instant, des aventures de ce shérif dans son comté d’Absaroka. Nous en sommes là de ce côté-ci de l’Atlantique quand par delà l’océan, le nombre d’opus se monte à huit…

Que le suivant arrive vite ! Et si le délai d’un an entre chaque parution n’est pas respecté, s’il est réduit, nous ne nous en plaindrons pas.

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