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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 20:30

En 1994 paraît l’épisode suivant des aventures de Neal Carey, A long walk up the water slide. Philippe Loubat-Delranc le traduit cinq ans plus tard sous le titre A contre-courant du grand toboggan. Et il en faudra du temps pour que Neal remonte ce toboggan.

 

Neuf mois ont passé depuis la conclusion de la dernière mission de Neal Carey. Neuf mois au cours desquels il s’est installé dans ce coin du Nevada qu’il avait alors découvert. Neuf mois à filer le parfait amour avec Karen, rencontrée alors. Mais tout a une fin et, comme toujours, c’est P’pa qui vient sonner l’heure. Joe Graham ne se contente pas, cette fois, d’informer Neal, il lui remet en main propre l’objet de sa mission… enfin, l’objet, il s’agit d’une femme, Polly Paget, cette même Polly Paget qui défraye alors l’actualité après avoir accusé Franck Landis de viol. La nouvelle mission ne consiste pas seulement à protéger la jeune femme mais également à lui apprendre à parler correctement. Articulation et syntaxe… La transcription de sa diction, A contre-courant du grand toboggan (Gallimard, 1994)surprenante au début, n’est pas le côté le plus réjouissant du roman, alourdissant les dialogues par l’obligation que l’on a à s’adapter quand on lit son discours.

Pour cette aventure, et pour la première fois, Neal ne voyage pas énormément, se contentant d’aller d’Austin à Las Vegas. C’est qu’il n’a rien à chercher, ce sont les autres qui s’en chargent. Cette mission qui s’annonçait simple, comme les précédentes, va s’avérer compliquée, comme les précédentes, puisqu’elle implique la mafia par le biais de Joey Foglio dit Joey con Carne, l’accusé, Franck Landis, et sa femme Candice, un magazine érotique et le privé qu’elle engage, Walt Withers, et, bien sûr, les Amis de la Famille, agence de détectives dépendant de la fameuse banque de ce Rhode Island qui a vu grandir Winslow.

Tout ce petit monde converge vers la minuscule ville d’Austin avant de se déplacer jusqu’à Vegas.

 

Neal Carey n’est plus précisément à la recherche de lui-même, il s’est accompli avec Karen. Il s’est trouvé. Il est même parvenu à boucler son mémoire sur Tobias Smollett. Il aspire à la tranquillité, à s’éloigner de ces amis de la famille qui lui ont pourtant permis de devenir celui qu’il est. Lui, l’ancien gamin livré à lui-même dans les rue de New York.

Don Winslow s’en prend cette fois à ces vedettes de la télé des années 80 mettant leur vie en scène face aux téléspectateurs. Un couple vedette affichant des valeurs familiales traditionnelles pris la main dans le sac, en flagrant délit de mensonge. Un couple vedette s’étant enrichi grâce à cette image fabriquée. Nous ne sommes pas seulement dans l’univers de la télé mais également dans celui de la spéculation et des collusions avec le crime organisée. Une intrigue plus traditionnelle, moins surprenante que les précédentes. Une intrigue empruntant des chemins balisés. Et dont est absent ce côté journalistique qui avait fait le sel des précédentes avec Londres et ses côtés sombres, la Chine et sa révolution culturelle ou encore l’extrême-droite aux Etats-Unis et ses dérives.

L’humour de Winslow et son talent à conter une histoire sont toujours présents et permettent au roman de rester au-dessus de la production moyenne… Mais notre auteur paraît s’essouffler quelque peu à la suite d’un Neal Carey moins motivé.

 

 

C’est en 1996 que sort le dernier opus des missions de Neal Carey, While drowning in the desert. Toujours traduit par Philippe Loubat-Delranc, il travers l’Atlantique pour débarquer chez nous et dans la langue de Molière en 2000, sous le titre Noyade au désert.

Comme d’habitude, P’pa dérange Neal dans la vie qu’il a adoptée. Toujours au côté de Karen et, pour la scène qui ouvre le roman, sortant du jacuzzi obtenu en récompense de la mission précédente.

Petite nouveauté, Neal Carey est le narrateur. L’histoire est racontée à la première personne. Winslow Noyade au désert (Gallimard, 1996)multiplie même les points de vue, Karen prenant le relais de son petit ami à certains moments, le journal d’un troisième personnage offrant également une autre perspective, ainsi qu’un échange épistolaire. Nouvelles explorations pour Don Winslow qui finit de fourbir ses armes pour ses romans à venir.

Le ton est résolument humoristique, parti pris souligné par le biais de Natty Silver, personnage que Neal doit récupérer à Vegas et ramener à Palm Springs, tout en le protégeant de personnes se révélant mal intentionnées à son égard. Natty Silver est un ancien comique vedette, soliloquant sans cesse, répétant jusqu’à plus soif les sketchs qui ont fait sa réputation. Neal doit le supporter tout en se questionnant sur la demande de Karen au moment de son départ, celle d’avoir un bébé...

C’est donc par une fantaisie que se clôt la série Neal Carey, une fantaisie agréable, avec ses rebondissements, ses bagarres et courses-poursuites. Une fantaisie qui nous rappelle en passant qu’elle se déroule dans les années 80, plus précisément en 1983 pour celle-ci, année de la mise en circulation des premiers téléphones mobiles, elle nous le rappelle notamment par l’usage qui est fait de cet outil justement, comme si sa mise en circulation avait coïncidé avec son succès, son usage de masse… Une pure fiction. Pas si anecdotique puisqu’elle souligne la liberté qu’a prise Winslow, moins attaché au réalisme qu’il semblait priser lors des épisodes précédents.

Toutes ses petites évolutions font que la série perd de sa force, se rapprochant du tout-venant, s’en distinguant encore par le style et un certain détachement de son auteur.

 

La même année que cette dernière aventure de Neal Carey paraît un nouveau roman de Don Winslow, un roman signé dans un premier temps d’un pseudo et venant tout juste de nous parvenir, Dernier verre à Manhattan.

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