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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 21:53

Je crois bien être devenu un familier de Lehane de manière somme toute banale. C’était le début de ma période de coming out, je m’étais résolu à reconnaître mon attirance pour le roman noir et j’étais décidé à m’y intéresser sérieusement. J’avais jusque là picoré, lisant presque par hasard une œuvre du genre de temps en temps. Cette fois, je m’y mettais…

Cela ne changea pas foncièrement mes habitudes, je fréquentais toujours les mêmes endroits pas toujours surpeuplés, ces endroits regorgeant de pages, d’histoires, de cette odeur si particulière du papier et de la colle mélangés… Pour ma part, c’était également plutôt des endroits où le neuf avait toute sa place.

Et, donc, dans ma librairie préférée ou dans une autre, je n’hésitais plus à regarder, à longer lentement, les présentoirs de séries pas vraiment claires. Je feuilletais, je humais, je me disais qu’il ne fallait pas se tromper, qu’il fallait continuer à attiser mon intérêt naissant ou enfin reconnu.

Je connaissais déjà Manchette ou Ellroy mais je voulais en dévorer d’autres. Et, là, dans l’une de ces collections qui fait notre bonheur à tous, je vis quelques couvertures intéressantes, elles le sont toujours chez eux. Des couvertures et un titre qui me poussèrent à soulever le volume et à en parcourir la quatrième de couverture… Et, visiblement, il y avait tout, tout ce qu’on cherche dans un de ces bons vieux romans noirs mâtinés de hard-boiled. Un roman avec un privé qui parle à la première personne, un privé revenu de pas mal de choses, amoché et au bord de la déprime… J’avais quelque chose ressemblant à ce que je voulais lire.

 

Le tiroir caisse sonna et trébucha et j’emportai chez moi les pages collées et noircies… j’espérais en avoir pour un bout de temps avec l’auteur et je fus servi.

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 09:58

Avant de m’attaquer à l’auteur incontournable qu’est Dennis Lehane dans le paysage du roman noir mondial, je vais d’abord aller voir avec vous ce que les autres en disent, ce que l’on peut lire sur lui sur l’immense toile planétaire… je privilégierai, bien sûr, les avis francophones…

Lehane fait parti de ces auteurs sur lesquels beaucoup ont un avis. Il fait parti de ces auteurs que beaucoup ont lus. Un auteur à succès, populaire et talentueux.

 

Pour commencer avec le monsieur, un article court, récapitulant les principales dates de sa carrière de romancier nous a été proposé en 2010 par 13ème rue. En un peu plus long, deux sites nous offrent une vision concise de l’auteur Lehane, tout d’abord, sur Bookreporter (en anglais) puis sur Babelio (dans la langue de Molière). Ces deux pages ont l’intérêt de comporter quelques liens vers des critiques ou des présentations de ses ouvrages.

C’est également le cas de Pol’Art Noir, dont je vous parle souvent, qui, en plus de sa biographie succincte, offre une approche bibliographique particulièrement fournie… à lire.

 

Après avoir approché l’auteur et son œuvre, il se peut que vous ayez envie de connaître mieux l’homme qui se cache derrière le romancier… Même si la curiosité est un vilain défaut, Internet est la caverne d’Ali Baba pour ce qui en souffre (je parle de la curiosité, pour peu qu’elle puisse faire mal). Il y a d’abord Wikipédia qui s’est fendu d’un article en français et d’un dans la langue de Shakespeare, preuve s’il en était besoin de la notoriété du bonhomme. Ils sont les plus faciles à trouver mais pas forcément les mieux fournis, les plus fouillés. Pour cela, il faut aller voir ailleurs, du côté des entretiens et des articles que lui a consacrés la presse écrite devenue informatisée.

Bruno Corty et Le Figaro nous ont proposé en 2010, un texte qui peut comporter quelque intérêt. C’est ensuite Le Soleil qui nous permet d’explorer les “zones grises” de l’auteur. Puis Entre deux noirs qui nous fait rencontrer l’auteur à l’occasion de la sortie d’Un jour à l’aube.

 

J’ai gardé le meilleur pour la fin. Il y a d’abord Alibi qui met en ligne un “profilage” du monsieur à lire. Puis un entretien accordé en 2009 à Emma Brockes du Guardian particulièrement intéressant…

 

Mais pour réellement savourer le monsieur et apprécier l’auteur, il faut faire comme moi et bien d’autres, se plonger dans ses romans.

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 14:06

Je ne savais pas comment le dire, mon titre est peut-être un peu grandiloquent, improbable, mais voilà ce dont il s’agit quand on ouvre 1Q84, la dernière œuvre en date de l’écrivain japonais. Dernière œuvre en date au titre imprononçable. A l’intrigue singulière, comme toujours.

 

1Q84, donc, roman ayant connu un succès énorme à sa sortie au Japon en 2009 et qui nous arrive précédé de ce succès et de bien des commentaires. Pour le replacer dans le travail de l’auteur, il s’agit d’un de ces romans qu’il appelle roman synthèse, comparable à Kafka sur le rivage, Les chroniques de l’oiseau à ressort ou encore, peut-être, La fin des temps. Un roman tellement total qu’il sera publié en trois volumes, trois parties dont deux viennent de paraître de ce côté-ci de la planète.

1Q84 Livre 1 Avril-Juin (2009)Le livre 1 se déroule d’avril à juin. Nous suivons alternativement Tengo et Aomamé dans leurs pérégrinations, leurs occupations personnelles, professionnelles ou autres. Chacun des deux a un métier et s’est engagé dans une activité en parallèle. Tout commence avec Aomamé bloquée dans un taxi au milieu d’un embouteillage, une musique passe à la radio et le chauffeur lui donne un conseil si elle est pressée. Après quelques hésitations, elle accepte la proposition et emprunte une échelle de sortie destinée aux services d’entretien… Tengo est professeur de mathématiques et écrivain à ses temps perdus, un écrivain n’ayant jamais été publié. Il va également accepter une proposition, celle de son éditeur. Il va accepter de réécrire le roman d’une jeune fille de dix-sept ans.

Sans qu’ils le sachent, leur monde va basculer. Et Murakami nous décrit ce changement qui se niche d’abord dans des petits riens, quelques détails…

Nous sommes, une fois encore avec cet auteur, à la limite. La limite entre le monde tel que nous le connaissons et un monde qui pourrait être. Cette limite, cette frontière, son franchissement, se manifestent dans des petits détails, des observations qui pourraient être insignifiantes mais vont se révéler pleines de sens.

Et Murakami nous entraîne à sa suite et à la suite de ses personnages dans ce monde qui pourrait être le nôtre.

 

Le livre 2 de 1Q84 se déroule de juillet à septembre. Et la dérive continue. Lente, à peine perceptible, ou inéluctable, accomplie.

Tengo et Aomamé poursuivent leur évolution, approfondissent leur questionnement et continuent à être entraînés dans ce monde dont ils ont à peine conscience. Dont ils doutent. Ils continuent à être entrainés dans cette histoire, cette 1Q84 Livre 2 Juillet-Septembre (2009)intrigue dont ils ne sont que des éléments.

Tengo revient sur son passé, Aomamé ne peut que se repencher dessus tant ce qu’elle vit le ravive. Leurs pensées se rapprochent, ils se souviennent l’un de l’autre de manière de plus en plus prégnante. Je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue à ceux qui n’ont pas ouvert le premier livre.

Murakami, sans en avoir l’air, comme à son habitude, avec un style tout à l’économie, tout en simplicité, nous emporte, nous force à tourner les pages sans que nous soyons dans un livre à suspens. Il y a peut-être, quand même, du thriller chez lui. Ou un certain pouvoir peu ordinaire. Toujours est-il qu’il fascine, qu’il nous fascine et nous fait avancer.

On ressort différent de la lecture d’un de ses livres. Notre vision du monde change grâce à lui. Petit à petit.

 

Il ne nous reste plus qu’à patienter quelques mois avant la conclusion de cette trilogie… pour nous qui ne lisons pas le japonais.

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 11:49

Avant d’évoquer les deux premiers tomes de la trilogie en cours de Murakami, je vais m’attarder sur le roman qui l’a précédée et dont je n’ai pas encore parlé.

 

En 2004 paraît au Japon Le passage de la nuit. Un an après Kafka sur le rivage. Il faudra attendre 2007 pour pouvoir le lire dans la langue de Molière… Les routes menant du pays du soleil levant à l’hexagone sont particulièrement sinueuses.

Le passage de la nuit (2004)A la différence du précédent, et un peu sur le même rythme qu’avant, selon une certaine alternance, c’est un roman court. Un roman court au même titre que Les amants du Spoutnik ou Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil. Là où Kafka… nous emmenait dans la nature, Le passage… reste en ville et nous offre une peinture du passage d’un jour à l’autre dans une mégalopole. Les personnages de ce roman ne sont pas errants mais ils vivent à une heure ou d’autres dorment, ils traversent la nuit différemment de la plupart de leurs congénères.

Comme souvent chez Murakami les chapitres alternent les points de vue, nous passons de celui de Mari à celui de sa sœur, de Takahashi à Koaru. Mari a décidé de passer la nuit éveillée tandis que sa sœur dort, Koaru gère un hôtel actif par nature aux heures de repos des autres et Takahashi répète avec son groupe dans une cave, prenant des pauses régulières.

Tout ce petit monde va se croiser, échanger.

Ce qui peut paraître sommaire, déjà lu, à partir de ces quelques lignes résumant l’intrigue, ne l’est pas, évidemment. Murakami nous entraîne dans une histoire simple mais déstabilisante. S’interroge sur ce que la nuit peut représenter, sur les liens qu’elle pourrait tisser avec un ou des ailleurs. Peut-être nous interroge-t-il aussi. Comment la nuit passe-t-elle ? Qu’y faisons-nous ?

Un roman court mais intrigant.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 14:38

Je vais finir mon parcours de l’œuvre de Robin Cook avec ses deux derniers romans. Finir mon parcours de l’œuvre romanesque du monsieur, j’y reviendrai sûrement par le biais de la biographie, celle qu’il a écrite notamment, Mémoire vive. J’y reviendrai aussi dès que le dernier de ses opus sera traduit en français… ce qui est en cours. Mais revenons à ces deux dernières histoires.

 

En 1993, arrive sur les étals Le mort à vif (Dead man upright). Il arrive chez les anglo-saxons avant de venir également échouer dans les meilleures de nos boucheries. Et puis dans les autres. Il aura donc fallu trois ans à Robin Cook pour passer à autres choses, pour se défaire de Dora Suarez. Mais pas de ces préoccupations qui le hantaient, pas de ces questionnements qui se faisaient peut-être de plus en plus pressants, et qui hantent plus ou moins chacun d’entre nous.

Le mort à vif (1993)Le mort à vif est le dernier volet de la série sur l’Usine, the Factory. Cinquième et dernier volet. Le sergent sans nom, celui du service A 14, les ­­­“décès non élucidés”, en reprend pour un tour. Cette fois, il a vent d’une affaire grâce à un ancien de la maison qui soupçonne son voisin de quelques exactions. Les exactions en question vont s’avérer particulièrement sérieuses. Et l’enquête va prendre un aspect inhabituel sous la plume de Cook. L’intérêt va se porter sur les victimes puis sur le coupable, et le biais utilisé par Cook pour s’attarder sur le coupable passe par une nouvelle figure chez lui, une nouvelle figure qui va se répandre dans les romans de ses collègues à une vitesse assez affolante. Nous voyons apparaître un profileur, un type qui s’intéresse aux circonvolutions du cerveau des tueurs en série… Cook innove encore.

Une fois de plus, comme je le disais plus haut, nous suivons un homme qui marche vers sa fin, un homme qui n’a rien trouvé d’autre pour exister que de tuer, qui n’existe pas en dehors de ça. Un homme qui marche vers sa fin, à l’image du personnage principal de Cauchemar dans la rue, à l’image de beaucoup d’autres personnages de Cook. Une fois de plus, Cook nous donne à voir, à lire, la lente agonie d’un humain, broyé et qui détruit avant de disparaître. Comme si c’était la seule voie.

Je dis une fois de plus mais ça n’a rien d’un décalque de ses romans précédents, nous avons une nouvelle approche, un nouvel angle d’attaque. Chaque roman de Cook enrichit son œuvre, et nous enrichit.

 

Un an plus tard paraît son dernier roman. Un roman hors de la série de l’Usine, même si le sergent sans nom apparaît, le sergent sans nom et le service A 14. Mais ils ne sont qu’une partie de l’histoire, des personnages importants mais périphériques.

Quand se lève le brouillard rouge (Not till the red fog rises) arrive donc en 1994. Cook nous y propose comme un retour sur sa période Derek Raymond. Y sont convoqués les services spéciaux que l’on avait croisés pour son retour à la Quand se lève le brouillard rouge (1994)littérature dans Le soleil qui s’éteint, ces services spéciaux vont croiser les malfrats paumés qui ont peuplé depuis toujours. Gus en est un, nous allons le suivre de sa sortie de prison à sa croisade, sa dernière rebuffade, résistance au rôle que d’autres veulent lui assigner. Le contre-espionnage anglais et l’ex-KGB ne vont pas se révéler plus reluisants que les tueurs que Cook a suivi tout au long de se série sur l’Usine. Nous sommes en pleine actualité, en pleine dégringolade à l’est, mais rien ne change vraiment. Le monde que nous décrivait Cook précédemment ne fait qu’avancer, réservant un sort voisin à chacun, une lente déchéance, une inéluctable chute. Ce qui intéresse Cook est certainement la manière dont chacun y résiste ou s’en accommode.

Avec Cook, ce ne sont pas seulement de grandes questions qui sont ressassées mais également des personnages qui sont fouillés, disséqués, leur raison d’être, leur manière de se coltiner avec l’existence, de parcourir leur propre histoire. Il y a une profondeur dans toute l’œuvre de Robin Cook car elle ne tombe jamais dans la facilité. Une œuvre d’une grande exigence de la part d’un auteur qui sera allé très loin dans le questionnement, l’étude de l’âme humaine. Il n’a pas hésité à pointer la noirceur inhérente à notre existence, inévitable.

Un auteur qui a donné au roman noir une importance, une ampleur rare.

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 17:25

Il aura donc fallu attendre son cinquième opus pour que j’ouvre un roman de Paul Colize. Comme je l’ai déjà dit, j’avais croisé sa prose au travers de nouvelles en ligne, accessibles facilement. Je l’avais croisée avec un certain plaisir tellemeFenêtres sur court (2007)nt les textes de Colize donnent l’impression d’une simplicité, d’une complicité, qui doit sans doute beaucoup au travail.

Entrer dans l’univers de Paul Colize par les nouvelles peut d’ailleurs être une bonne idée. Lisibles en ligne pour certaines, elles ont été éditées pour d’autres et nous donnent à voir ce qu’il nous offre. Des personnages savoureux, dont on sent qu’il a pris un certain plaisir à les croquer, des histoires où l’on perd pied tout comme ces fameux personnages. Je pense, par exemple, au recueil Fenêtres sur court qu’il a commis avec d’autres et qui est paru en 2007 chez MMS, nouvelle étape de son parcours éditorial.

 

Prisant plus particulièrement les romans, je vais reprendre le fil de l’évocation de son œuvre avec le suivant, paru également chez MMS en 2007. Sun Tower m’est apparu comme un exercice de style, élégant, certes, mais ressemblant à un jeu. Une récréation, peut-être, pour Paul Colize qui venait de commettre Quatre valets et une dame et avait sûrement besoin de s’éloigner un peu d’une certaine noirceur et d’aller se reposer sous le soleil, monégasque pourquoi pas. Comme entrée dans son univers romanesque, ce fut un plaisir mitigé, comme je l’ai dit ailleurs, le plaisir de découvrir un auteur intéressant pas le biais d’une œuvre légère…

Voici ce que j’écrivais justement :

Voilà un roman qui me laisse une impression en demi-teinte. L'impression de passer à côté de quelque chose ou, en tout cas, de n'avoir pu le savourer pleinement, à sa juste valeur.

Je l'avais feuilleté dès qu'il avait atterri chez moi et à la lecture des premières pages, je m'étais dit que cela laissait présager de bons moments. Je l'avais mis de côté, poursuivant ma lecture du moment.Sun Tower (2007)

Sa lecture m'a finalement laissé une impression différente de celle que j'attendais.

C'est une histoire classique, un type qui se retrouve embringué dans une aventure qui le dépasse. Bousculé, il se démène tant bien que mal pour s'en sortir. Une sombre histoire de meurtre dans le milieu de la haute finance, des grosses holdings et des grands patrons. On l'a lu cent fois, ou du moins en a-t-on l'impression. Le parcours semble balisé, bien balisé, bien maîtrisé. Les rebondissements sont là, la dose de méchanceté, de roublardise et de naïveté. Tout y est, on a l'impression d'être dans un de ces brillants thrillers états-uniens, avec son pesant de clins d'œil vers Hitchcock (c'est peut-être Monaco qui m'y a fait penser le plus).
Mais il n'y a pas que ça dans ce roman. C'est mon premier Colize (en dehors des nouvelles que l'on peut lire sur le site ou le forum) et j'ai découvert un ton particulièrement plaisant. Le sourire vous quitte rarement à la lecture de ses pages, même quand l'intrigue se fait plus sérieuse. Il y a de petites perles disséminées ici et là (chaque personnage d'abord décrit pas sa taille, l'hyperhydrose du personnage central, les conseils de son patron qu'il se remémore régulièrement). Des personnages que l'on jurerait avoir déjà croisé, ici ou là, sur ce forum même (passion du cinéma, passion de percer pour la jeune journaliste). Un recul qui donne toute sa saveur au bouquin. On ne s'ennuie pas, on parcourt tout ça avec légèreté.

L'impression de demi-teinte, mitigée, est sans doute due au fait qu'avec ce ton, ce style, on se prend à imaginer ce que pourrait donner une histoire moins balisée, plus surprenante...

Je le répéte, Sun Towerest un livre que l'on prend plaisir à lire, une entrée en matière qui donne envie de lire d'autres Colize.

 

Après cette première lecture, j’attendais le roman suivant. Le ton, le style, m’avaient plu, c’est souvent suffisant pour revenir vers un auteur. Et j’y suis revenu. Avec d’autant plus de plaisir que cette fois, son ton léger se mariait à une histoire beaucoup plus sérieuse, sombre… proche de pas mal d’auteurs que je prise. Paul Colize avait décidé de s’attaquer à un fait divers, de s’en inspirer pour nous offrir une histoire prenante. Un fait divers qui avait connu deux La troizième vague (2009)vagues et dont Colize imagine la troisième.

Avec cette troisième vague, parue en 2009, il s’agit une nouvelle fois d’un thriller, genre dans lequel il s’ébat avec une certaine élégance. Mais un thriller marqué par des tueries qui ont ébranlées le royaume d’où nous vient Colize.

Nous suivons Vassili qui, pour la mémoire d’un ami, va s’improviser enquêteur et frôler plus d’une fois la correctionnelle ou pire. Nous tournons les pages à un rythme soutenu, poussés ou tirés par l’envie de connaître la suite et la fin.

Cette fois, j’ai eu la sensation que le style, le ton, et le sujet se mariaient plutôt pas mal pour nous donner une œuvre dont on peut se souvenir…

L’édition est, de plus, étoffée d’un dossier bien documenté venant compléter, étayer, la variation autour d’un fait divers que nous propose Paul Colize. J’en ai également parlé .

C’est aussi une nouvelle étape dans le parcours de Colize avec un nouvel éditeur, la petite fabrique de polar que sont les éditions Krakoën l’accueille en son sein.

 

Comme nous le voyons en parcourant l’œuvre de Paul Colize, il est en constante évolution, nous proposant à chaque fois un roman différent, un nouveau point de vue sur ses centres d’intérêt, ses préoccupations.

Avec Le baiser de l’ombre, il confirme cette volonté, cette envie de changer. Et de partager.

Nous retrouvons à l’occasion de ce septième roman un personnage que certains de ses lecteurs avaient déjà rencontré, Antoine Lagarde, celui de Quatre valets et une dame. Il va de nouveau se trouver embarqué dans une Le baiser de l'ombre (2010)intrigue rocambolesque aux multiples rebondissements. Et nous allons le suivre avec plaisir… D’autant plus de plaisir qu’avec ce roman m’est apparu plus clairement l’un des aspects majeurs de l’œuvre de Colize, son intérêt pour la documentation. Le travail que j’évoquais plus haut quant au style est également très présent dans cette volonté de ne pas raconter n’importe quoi, de s’imprégner des lieux et des sujets évoqués. Avec Paul Colize, vous apprenez en vous distrayant. Avec Le baiser… vous connaîtrez un peu mieux Klimt, vous pourrez briller dans les dîners en ville. Ou, comme pour moi, vous pourrez passer un bon moment tout en satisfaisant votre curiosité.

Curiosité qui n’est pas le moindre défaut de Lagarde. Au final, Colize tout en nous dépaysant et nous offrant un bon bol de suspens, d’aventures, nous présente les bons et les mauvais côtés de cette curiosité.

J’en ai aussi parlé par ici.

 

Depuis 2010 et Le baiser de l’ombre, Paul Colize a accordé à ses fidèles sur le tard une séance de rattrapage en publiant une nouvelle version de Quatre valets et une dame. Antoine Lagarde dans ses premières aventures, cette fois intitulées Le valet de cœur.

Le valet de coeur (2011)C’est un retour en arrière mais un retour intéressant puisqu’il nous permet de connaître un peu mieux ce Lagarde si sympathique, si rassurant, avec tous ces défauts qui le rendent si proche de nous.

Alors que pour le baiser, il se laissait entraîner par sa curiosité à la suite de la mort du père de sa maîtresse du moment, nous le suivons cette fois alors que son propre père vient de décéder. Il se méfie de sa curiosité et se débat avant tout avec sa propre histoire, histoire qui le poussera malgré lui à se pencher sérieusement sur le passé de son paternel.

C’est encore une fois une lecture agréable, avec des héros particulièrement bien vus, bien décrits, si familiers ou pouvant le devenir. Des héros si intéressants qu’on en deviendrait gourmand et que je me suis pris à regretter que Colize ne se soit pas attardé autant sur chacun, notamment sur Janice, qu’il ne l’a fait pour Antoine. Avec cet auteur, on en veut toujours plus.

 

Le valet de cœur est, à ce jour, le dernier roman de Paul Colize, le troisième paru aux éditions Krakoën. Après l’auto-édition des premiers, il a intégré un circuit plus classique… Et ce n’est pas fini puisque le prochain Colize est annoncé aux éditions de la Manufacture de livres. Un auteur en évolution permanente, exigeant pour nous offrir un roman différent à chaque fois et qui évolue aussi dans son parcours éditorial. Quand je vous disais qu’il ne pouvait que nous intéresser.

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 14:51

Exercice nouveau, original, pour moi. Pas vraiment confortable. Exercice que je ne reproduirai certainement pas souvent. Peut-être jamais. Mais je me suis fixé la présentation de l'ensemble du parcours d'un écrivain et je veux m'y tenir... Du coup... Je vais entamer la description du parcours d’un écrivain en vous parlant de romans que je n’ai pas lus… Je sais, "c'est pas bien", mais je passerai ensuite à ceux que je connais.

 

Ça a démarré de manière assez particulière, singulière, pour Paul Colize. Comme il le dit dans son entretien accordé à Les sanglots longs (2001)Polarnoir, ça a commencé comme un pari, une envie de coucher sur le papier pour garder en mémoire une étape importante de sa vie. De sa vie professionnelle. Ça a commencé avec Les sanglots longs en 2001.

Après tout, l’écrit et le livres n’ont-ils pas eu comme destination première la préservation de la mémoire. D’une certaine mémoire. Et pour préserver cette mémoire, Paul Colize se penche sur son proche passé, le couche sur le papier en lui donnant un aspect très personnel. Il travaille son style, affûte ce qui va évoluer sans cesse d’un livre à l’autre, sa manière de rapporter les événements. J’ai lu quelques pages, les premières de ce roman. Je les ai lu sur écran et ce type de lecture n’étant pas vraiment agréable, j’avance lentement, en alternant avec ce bon vieux papier en voie d’extinction…

 

Après ces débuts personnels, Colize s’évade, s’échappe, et nous propose tout autre chose. Avec Le seizième passager (2002), il installe ce qui sera sa manière de faire d’un roman à l’autre, ce qui peut en faire sa marque de Le seizième passager (2003)fabrique. Il n’est pas le seul dans ce cas mais il fait bien partie de ces auteurs pour qui l’écriture d’un roman passe par une documentation rigoureuse.

On le sent sans que cela ne soit pesant car l’une des autres qualités de Paul Colize est le plaisir communicatif qu’il a à construire un roman, à inventer des personnages, à nous les rendre familiers en deux temps trois mouvements. Des personnages globe-trotters, de vrais européens, parcourant le continent d’un bout à l’autre et s’en échappant même souvent.

 

Le plaisir communicatif dont je parlais devient plus que sérieux puisque Paul Colize récidive un an après Clairs obscurs (2002)avec un nouvel opus. Il écrit et rencontre un lectorat attentif. Il faut dire qu’avec Clairs Obscurs, il confirme. Il confirme ce talent à décrire des personnages, à allier propos sérieux et style léger, enlevé. Il y a un mariage assez élaboré dans ses intrigues entre ce côté humoristique et l’aspect plus grave du sujet traité.

Pour continuer avec son exploration de l’Europe, Colize débute cette fois son histoire à Moscou. Il concocte une fois de plus un enchaînement prenant… d’après ce que j’en ai lu ici ou là, bien sûr, car comme pour le précédent roman, il n’a jamais été entre mes mains et son tirage en est épuisé…

 

C’est en 2005 qu’arrive le quatrième roman de Paul Colize. Quatre valets et une dame va plaire une nouvelle fois. Une intrigue et un suspens rondement menés, des personnages une nouvelle fois bien décrits, attachants, que l’on Quatre valets et une dame (2005)comprend en quelques lignes.

Antoine Lagarde va une fois de plus être un voyageur, un peu forcé, un enquêteur pas vraiment naturel. Au profil d’ailleurs plus proche de son auteur, un conseiller pour cadres en mal de confiance ou d’efficacité.

Je n’ai pas lu cette version mais Paul Colize en proposera une nouvelle, revue et corrigée, en 2011, éditée cette fois chez un éditeur plus classique. En effet, ces quatre premiers romans ont été édités à compte d’auteur. Colize prend du plaisir à être lu, à écrire, mais pas forcément à laisser dormir longtemps un roman qu’il pense abouti… Il ne s’est pas embêté, pour commencer, avec les circuits habituels, il y est venu petit à petit.

 

Ces quatre premiers romans sont désormais des pièces de collections puisqu’ils sont épuisés et que leur réédition n’est pas envisagée pour l’instant.

Le roman suivant de Paul Colize est dans ma bibliothèque, c’est par celui-là que j’ai commencé ma découverte de son univers. Et c’est par celui-là que je poursuivrai mon parcours de son œuvre.

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 10:55

Il a bien fallu qu’il arrive chez moi pour que je vous en parle.

Il est arrivé sans se presser, sans cheval et sans chapeau… mais pas loin.

 

C’était il y a quelques temps. Je commençais à me pencher sérieusement sur le roman noir, sur le polar. J’en avais fini avec Fantômette, le club des cinq ou le clan des sept, voire Agatha Christie, depuis longtemps, j’étais passé à autre chose. J’avais lu ce qui m’était imposé à l’école, au collège puis au lycée, tout en essayant d’explorer certains auteurs découverts à l’occasion ou conseillés par un camarade, un libraire ou autre.

J’avais lu ceux qui me semblaient raconter des histoires valant le détour et ayant eu les honneurs d’une adaptation télévisée voire cinématographique. Ayant quitté le monde des lectures prescrites, j’avais adopté la lecture de magazines, plus particulièrement des pages littéraires, pour trouver de nouveaux romans, de nouveaux univers à explorer. Je passais d’un genre à un autre sans réelle exclusivité. Mais l’étau se resserrait. Les intrigues que je prisais commençaient à avoir quelques points communs même si je continuais, continue et continuerai à butiner ici et là.

Une certaine noirceur, une certaine connexion avec la réalité, une envie de se coltiner avec le monde tel qu’il existe sans naviguer dans un univers éthéré, loin de la société. Une noirceur nous présentant notre monde, nos semblables tels qu’ils sont réellement et pas tel qu’on voudrait qu’ils soient… Cette noirceur me paraît plus proche de ce que nous côtoyons tous les jours. Même si, bien sûr, je continue à chercher dans les livres de l’évasion… mais une évasion plus ancrée dans ce que je connais ou ce que je crois percevoir.

 

Au long de mes pérégrinations littéraires et de mes recherches d’avis pouvant m’aiguiller vers de nouveaux auteurs, un média a petit à petit prit de l’importance. Un média reposant sur des outils en plein développement et qui s’interconnectaient de manière de plus en plus efficace. Un média qui me donnait accès à plein de monde, à une multitude de sensibilités.

Je m’y suis mis, j’ai accepté de m’y fier en gardant toujours à l’esprit que c’était un nouveau moyen pour m’aider à me forger des opinions ou à garnir ma bibliothèque.

M’étant penché sur différents sites plus ou moins spécialisés, plus ou moins orientés, je me fixais sur quelques uns d’entre eux qui avaient tous pour point commun une certaine littérature. De manière assez surprenante. Une même littérature et une même ouverture tellement les cases dans lesquelles on range telle ou tel peuvent être souvent plus proches de cages.

Je m’y suis fixé en tant que simple visiteur puis j’ai franchi un nouveau cap, je profitais des avis des autres, pourquoi ne pas commencé à donner le mien à ceux qui voudraient bien l’entendre. Mon choix s’est porté sur un forum où j’ai croisé des tas de personnes intéressantes, des lecteurs mais aussi des traducteurs, des blogueurs ou futurs blogueurs, ou encore de futurs créateurs d’association œuvrant dans le domaine plus particulier qui nous est cher. Parmi ces lecteurs, certains se sont trouvés être également des auteurs… Et parmi eux, vous l’aurez compris, il y avait le grand Colize, le beau Colize, sans cheval et sans chapeau, mais avec un pseudo qui aurait pu laisser penser…

 

Sur ce forum des concours de nouvelles étaient proposés et c’est à cette occasion que j’ai lu la prose de Paul Colize pour la première fois. Il m’aura fallu plus de temps pour lire un roman du monsieur, mais, depuis que j’ai commencé, c’est à chaque fois un plaisir de me plonger dans ce qu’il nous propose

 

J’y reviens incessamment sous peu.

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 17:45

J’aborde un auteur, romancier, moins connu que ceux que j’ai jusqu’ici évoqués. Mais, comme les précédents, je l’aborde parce que ses romans me plaisent. Ces romans et sa démarche de romancier. Ce n’est pas un grand du roman noir ou du polar, ou pas reconnu comme tel en tout cas, mais c’est un auteur intéressant. Un honnête artisan quand il existe quelques faiseurs industriels beaucoup moins dignes. Mais j’y reviendrai…

En abordant un auteur moins installé que ceux dont j’ai jusqu’ici parlé, je m’attendais à une certaine discrétion sur la toile… et pourtant, Paul Colize y est bien présent. Si vous voulez en savoir plus sur lui, vous pourrez en apprendre déjà pas mal en ligne. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai d’abord entendu parler de lui.

 

Que retenir de cette présence sur la Toile ?

Tout d’abord, quelques portraits permettant de se familiariser avec l’auteur et son œuvre. Paul Colize a les honneurs de Wikipédia (eh oui !), comme quoi, l’encyclopédie collaborative permet de connaître quelques tenants d’une littérature populaire peu accessible ailleurs. Vous pouvez également le croiser sur une page de MaBibliothèque, au travers d’un article signé Sheherazade. Il est aussi évoqué sur le site k-libre, outre une courte présentation, l’actualité de l’auteur est également accessible, ce qui n’est pas sans intérêt. Pour continuer avec les portraits, deux autres me paraissent à citer, celui de son éditeur, collectif d’auteurs dynamique et ô combien recommandable, je parle de Krakoën, bien sûr ; et enfin, last but not least, celui de Pol’Art Noir, l’un des plus anciens à ma connaissance mais toujours bon à consulter.

Ces différentes pages en ligne vous permettront également d’aborder son œuvre, de faire connaissance avec ses romans. Pour les approcher un peu plus, ses romans, deux liens en proposent une présentation différente, le premier se trouve sur un forum où des écrivains et leurs lecteurs peuvent se rencontrer, Polar d’eux ; le deuxième est celui de la petite maison d’auto-édition qui a d’abord proposé la prose de Colize, une passion.

Enfin, pour être complètement familier du romancier, deux autres angles finiront d’aiguiser votre curiosité. Le premier est, tout simplement, de lire quelques lignes de l’auteur belge, ceci est possible au travers de deux sites, Polar Noir (à ne pas confondre avec l’autre), qui propose une de ses nouvelles, Tony et moi, et celui de la toute jeune maison d’édition Ecorce proposant, cette fois en téléchargement, un recueil de nouvelles dont l’une est du monsieur qui nous intéresse pour le moment (les autres nouvelles peuvent également être un régal pour les curieux !). Le deuxième angle permettant de cerner plus précisément le romancier dont je parle est de lire deux entretiens qu’il a accordés, l’un à Pol’Art Noir, l’autre à Polar Noir ( !).

 

Si avec ça, vous ne savez toujours pas qui il est ou ce qu’il écrit (voir sa bibliographie), je vous en reparle dans pas longtemps. Ce sera cette fois mon point de vue perso, avec ce qu’il peut valoir…

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 13:42

Après l’Angleterre de ses origines vue à travers un fait divers, à travers une grande grève puis le sport national, Peace est allé vers d’autres horizons. Vers ce pays qui fut le sien pendant une quinzaine d’années.

Pour se pencher sur le Japon, Peace, fidèle à lui-même, le scrute au travers de faits divers, d’événements authentiques. Il scrute le Japon pour mieux nous en faire découvrir une époque marquante, celle de l’après-guerre, de ce pays défait.

 

En 2007 paraît Tokyo année zéro, premier opus de ce qui est déjà annoncé comme une trilogie. Et Peace passe au tamis un autre endroit de son existence, de son histoire. Il remonte dans le temps et nous propose de débarquer dans le Japon ravagé de l’après-guerre. Un Japon anéanti, vaincu. Un Japon qui tente de survivre avant de se relever… Un Japon rampant.

Tokyo année zéro (2007)Mais tout détruit qu’il est, ce Japon, alors que l’Empereur s’apprête à annoncer la capitulation, reste un pays aux prises avec la noirceur des hommes, des âmes. Avec le crime.

Minami, inspecteur de police, va faire comme le Japon, il va s’accrocher. S’accrocher pour survivre. Et ce à quoi il va s’accrocher, c’est cette enquête, celle qui débute le jour du discours de l’Empereur. Cette enquête qui se révèle comme non résolue un an plus tard quand d’autres cadavres de femmes nues émergent, refont surface. Minami, pour ne pas sombrer dans le déshonneur, celui qu’apprennent à affronter ses congénères, celui qu’apprend à affronter une nation entière, Minami donc va aller loin, très loin, pour résoudre cette affaire. Il va parcourir un pays détruit, laminé. A la limite de l’insalubrité.

Pour nous présenter le pays qu’il avait adopté pendant une quinzaine d’années, Peace n’hésite pas à plonger, à remuer la fange, à nous en offrir une image nauséabonde. Il adopte pour ce faire certains codes d’une certaine culture que le pays du soleil levant a exporté, ceux du manga entre autre, avec des onomatopées, des sons qui se répètent, comme toujours chez lui. Les sons, les pensées, sont ressassés, répétés jusqu’à l’écœurement, jusqu’à l’overdose.

Nous sommes bien dans l’univers de Peace même si nous avons changé de continent, de culture, à l’orée d’une mondialisation qui s’en emparera également, de cette culture, de ces cultures. J’en ai parlé par ici.

 

Deux ans plus tard, Peace nous offre une nouvelle vision de son pays d’adoption. Il convoque de nouveau la culture de cette nation pour nous exposer l’histoire d’un cambriolage qui s’est transformé en meurtre de masse. L’histoire d’un cambriolage qui a marqué l’opinion publique d’un pays encore chancelant mais à l’aube d’une renaissance.

Pour nous raconter ce cambriolage, Peace décide de faire de nous un écrivain et de nous faire approcher, toucher du doigt, les affres de la création, les difficultés qu’il y a à vouloir ressusciter des morts, à vouloir de nouveau faire vivre les protagonistes d’une telle histoire. Une histoire déjà racontée par d’autres évoqués à la fin de l’ouvrage, comme Tokyo ville occupée (2009)Romain Slocombe notamment. Pour construire son roman, il emprunte la structure de deux nouvelles d’Atugawa Ryunosuke dont Rashomon.

Ce sont douze témoignages que nous allons lire. Douze témoignages pour faire la lumière sur cette affaire. Douze témoignages de personnages réunis à la porte noire, réunis pour que l’écrivain puisse faire son œuvre. Douze témoignages pour douze chandelles, en cercle, qui vont s’éteindre au fur et à mesure et de l’obscurité naissante, envahissante, naitra peut-être la lumière.

Au travers de ces douze chandelles et de l’histoire qui les accompagnent, nous n’approchons pas seulement la réalité d’un fait divers mais également la réalité d’un pays… Les victimes, deux inspecteurs, une survivante, deux enquêteurs sur les armes biologiques japonaises, un journaliste, un exorciste, un homme d’affaire mafieux, un condamné, un meurtrier et celle qui reste pour pleurer, vont nous offrir leur vision de l’affaire, leur vision de leur vie pendant l’affaire, nous donnant ainsi à voir un tableau, une fresque et nous indiquant les différents angles sous lesquels nous pouvons l’appréhender. Le fait divers et ses conséquences.

C’est un David Peace jusqu’au-boutiste qui a écrit ce livre. Autant, sinon plus, qu’il l’avait déjà été dans ses œuvres précédentes. Rien n’est passé sous silence, rien ne nous est épargné, pas même les élucubrations, les fantasmes de l’écrivain au travail.

Un David Peace qui nous propose une vision noire du Japon, une vision qui bouscule et il faut nous accrocher, nous aussi, pour ne pas chanceler, ne pas tomber, k.o. au bout du compte.

 

Avant de clore cette trilogie, Peace est revenu vers son pays et le football.

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