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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 18:06

En même temps que  La bonne a tout fait aux éditions Baleine, Le fémur de Rimbaud est paru aux éditions Gallimard. Deux romans coup sur coup de Bartelt, l’un dans la série du Poulpe et l’autre comme un retour aux sources, dans la maison d’édition “historique” du romancier, chez qui le dernier livre en date était  Le testament américain.

Il y a d’ailleurs une certaine filiation, un certain rapport entre les trois histoires. Comme pour Le testament américain, il est question d’argent, d’héritage, et de ce que cela implique, modifie, dans les relations entre les personnages. Comme pour La bonne a tout fait, les patrons n’ont pas bonne presse et méritent de passer devant la justice des hommes, officielle ou non, car ils sont coupables de bien des crimes.

 

Tout commence par la rencontre entre Majésu Monroe et Noème Parker. Majésu, le narrateur, aurait pu exercer bien des métiers, tant son intelligence et son physique lui offraient de perspectives, selon ses dires. Le fémur de Rimbaud (Gallimard, 2013)Au final, il est brocanteur. Une jeune femme s’intéresse un jour à une bague qu’il propose sur son étal, une bague ayant appartenu à la fille de Raspoutine… à l’une de ses deux filles. Cette bague a une histoire, ainsi que tous les objets que Majésu Monroe vend. C’est que, pour bien vendre, il faut une histoire, avec certificats à l’appui. Et des histoires, le brocanteur en a à revendre.

Il y a des objets qui demandent des années de maturation, de calculs, de soins ardents. Plus ils sont dénués d’intérêt, plus il convient de les charger d’histoire. L’objet d’exception est une création de l’esprit et l’aboutissement de la volonté.

La jeune femme qui s’intéresse ce jour-là à la bague ne lui est pas indifférente, il va jusqu’à lui faire crédit, et l’invite à écluser quelques boques dans le bar d’à côté. Noème, c’est son prénom, est en butte avec les nantis, les puissants. Communiste déçue, elle voudrait étriper les patrons, les éviscérer, au sens propre. Avec Majésu, elle trouve à qui parler, il est le véritable auteur de l’assassinat de Maximilien Dourdine. Voilà un couple parfaitement assorti qui se forme. Si assortis qu’il ne leur faut pas longtemps pour se décider à convoler. Et comme un pied de nez, ce sera en haillons qu’ils se diront oui. Pied de nez aux patrons, aux exploiteurs, en général, et aux parents de Noème en particulier, car ceux-ci sont de la caste des riches, de ces riches qu’elle exècre au point de forcer Majésu à promettre qu’il leur fera la peau comme ils le méritent, comme il l’a fait pour Dourdine… Mais ça n’est pas si simple.

Un événement, qui aurait pu s’avérer heureux, change tout. Les relations, les convictions et l’aventure s’emballent, d’arrestation en prise d’otage, de fuite en poursuite, de garde à vue en règlement de compte… La police, les pauvres, les objets, l’argent, tout s’emmêle. Et les merveilleuses histoires inventées, les mensonges, finissent par poser problème, par se retourner contre leurs auteurs. A la manière de ces vers de Rimbaud, qualifié dans le roman de “poète de saison”, réarrangés et cités en exergue :

Menti sur mon fémur !

… j’ai deux fémurs bistournés et gravés !

J’ai mon fémur ! J’ai mon fémur ! J’ai mon fémur !

C’est cela que depuis quarante ans je bistourne

Sur le bord de ma chaise aimée…

A la manière de ces vers qui donnent leur titre au livre, il est question du mensonge, de la fiction et de ses conséquences imaginées, imaginaires, outrancières…

Pour un brocanteur, le mensonge n’est jamais qu’un dispositif de légitime défense. S’il était tenu à servir la vérité, il ne gagnerait jamais un centime. Le bénéfice n’est jamais que le fruit d’un trafic. Il faut bien vivre.

De là à faire un rapprochement entre le brocanteur et l’écrivain…

 

A sa manière si personnelle, Bartelt nous entraîne dans une histoire rocambolesque, où l’amour peut mener à bien des choses. Où le travail sur la langue est toujours aussi savoureux. Un travail autour du langage et de sa force.

Le langage n’est qu’un petit coup de pouce qui confère de l’élan et de l’allure à une réalité qui n’a rien pour elle.

 

Après deux romans publiés simultanément, on espère qu’il ne nous faudra pas attendre longtemps avant de lire la prose du romancier, qui nous a également offert quelques poésies cette année dans le recueil Presque rien au monde publié par Arch’libris et illustré par Jean Morette.

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 16:41

En septembre 2013, un an après Facultatif bar, deux romans de Bartelt paraissent coup sur coup pour ne pas dire simultanément. Le premier d’entre eux, celui dont je parlerai d’abord, La bonne a tout fait, prend place dans la série du Poulpe aux éditions Baleine. Après bien d’autres écrivains tels que Jean-Bernard Pouy, son créateur, Didier Daeninckx ou Marcus Malte plus récemment, Bartelt s’y colle, se prend au jeu. Gabriel Lecouvreur entre ainsi dans l’univers si remarquable de l’auteur, style unique et dépaysement ardennais incontournables.

 

Depuis un an le Poulpe reçoit des lettres de Versus Bellum, un ami anar de Pedro. Anar et ardennais. Ce Versus Bellum tient à la venue de Gabriel pour éclaircir le meurtre de Madame Bermont par son mari, il en est sûr. Il doit venir pour faire toute la lumière et permettre à l’enquête bâclée de la maréchaussée d’aboutir. La bonne a tout fait (Baleine, 2013)Justice sera alors rendue. Les missives ardennaises coïncident avec une série de disparitions qui intriguent Gérard, le patron du Pied de porc à la sainte Scolasse. Devant cette conjonction de sollicitations, le Poulpe cède et prend le chemin des Ardennes. En train puis en bus. Il passe devant des étendues de champs comme il n’en a jamais vues, devant des étendues de forêt à l’avenant et des tas de bois tout aussi nombreux et impressionnants.

Gabriel débarque au fin fond de nulle part pour écouter Versus Bellum, lutin surprenant, persuadé de la culpabilité de Bermont et de la complicité forcée de sa bonne, cette dernière ayant témoigné en faveur de son patron pour ne pas perdre son emploi. Telles sont les théories de l’anar ardennais. Anar ardennais qui a également échafaudé tout un stratagème pour piéger le meurtrier. Et faire avouer la bonne. Pour cela, le Poulpe, à la personnalité déjà double, va devoir endosser le costume d’une troisième identité, celle d’Amadéo Pozzi, émissaire de malfrats luxembourgeois imaginaires près à acheter les immenses étendues forestières dont Bermont a hérité à la mort de son épouse.

Les aventures du Poulpe sont, comme toujours, rocambolesques, et l’histoire dans laquelle il plonge est cocasse comme souvent sous la plume de Bartelt. C’est que les observations et autres aphorismes de l’écrivain sont savoureux. Et la série a le don de libérer les auteurs. Ce qui pour l’écrivain ardennais est déjà dans les gènes.

 

Les Ardennes, les humains et le Poulpe en prennent ainsi pour leur grade. “Qui aime bien châtie bien” et le romancier aime de toute évidence son pays et ses contemporains… et, bien sûr, l’écriture. Pour notre plus grand plaisir.

Le Poulpe est ainsi mis au parfum sur les autochtones par Versus Bellum :

Par ici, tu sais, c’est tous des littéraires. Ils ne ratent jamais une occasion de placer une parole historique. Ni de dire une connerie, d’ailleurs. Enfin, quand on y regarde de près, c’est pareil.

Il est mis au parfum à la descente de son voyage en autocar. Un voyage qui, ainsi que je l’ai dit plus haut, lui a fait voir des quantités de champs, de forêts ou de bois, qu’il n’aurait jamais imaginées embrasser en un seul coup d’œil. Voyage qui lui a également permis de découvrir l’aménagement routier du coin, un aménagement routier ô combien original.

Les Ardennes, c’est le pays des virages. Les historiens affirment même que c’est les ardennais qui ont inventé le virage. Avant eux, personne n’en avait eu l’idée. Regarde les voies romaines ! C’est de la route sans surprise, sans fantaisie, sans mystère.

Et voilà que Gabriel Lecouvreur, le Poulpe, alias Amadéo Pozzi, se lance à son tour dans une description bien sentie du coin où il a mis les pieds.

Ce pays où seul le cochon sauvage survit aux rigueurs du climat.

 

Malgré toutes ces descriptions et avertissements, Gabriel se laisse submerger par la personnalité qu’il incarne, Amadéo Pozzi, et en oublie les plus élémentaires précautions. Il se laisse submerger et s’imagine être arrivé dans un pays où il peut en remontrer à tous. Les trouvant par trop théâtraux, mauvais acteurs, et facilement cernables. Mais il faut se méfier des endroits et des mœurs que l’on ne connaît pas. Ne pas les juger à l’aune de ses habitudes… Et ne pas se laisser enivrer par la bière d’abbaye que l’on y boit comme du petit lait. L’inflexibilité recommandée pourrait bien vite se noyer.

C’est un roman savoureux. Un roman original, décalé, par rapport à la série du Poulpe.

La vérité finira par éclater, tant en ce qui concerne l’épouse de Bermont que les disparitions en série survenues dans le coin. Bartelt évoquant au passage une page de l’histoire du coin, une communauté anarchiste en parfaite adéquation avec le héro de la série dans laquelle il s’est glissée.

 

Dans le même temps, un autre roman est paru aux éditions Gallimard, Le fémur de Rimbaud.

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 11:11

En fin d’année 2012, paraît un roman de Franz Bartelt édité par D’un Noir si Bleu. Ce nouveau roman s’intitule Facultatif Bar est il est résolument noir.

L’action se déroule dans une ville indéfinie, entre la place Carrée, l’avenue Carnot et la place aux Becs, et au-delà par effet domino. Dans le quartier des Becs et ceux qui l’entourent pour les dommages collatéraux. L’action prend place au cours d’une nuit comme les autres, ou presque, où les personnages vont se croiser comme ils l’ont déjà fait au cours de bien des autres nuits… Ils vont se croiser au milieu de tous ceux qui grouillent à ces heures-là…

 

Facultatif Bar (D'un noir si bleu, 2012)Tant que les paumés ne franchissaient pas le périmètre de la place Carrée et celui du carrefour des Becs, ils étaient libres d’agir à leur guise. Il en mourait beaucoup, une dizaine par nuit. Personne n’en portait le deuil. C’était des drogués qu’on retrouvait sous les portes cochères, des nouveau-nés dans le fond des poubelles, des alcooliques qui se jetaient d’un toit, des filles qu’on dépeçait après les avoir violées, et, parfois, avant. Rien que de très banal. Les plus robustes survivaient jusqu’au moment où ils trouvaient leur maître. Ils le trouvaient immanquablement.

 

Le décor est planté…

Tout commence avec l’arrestation de Félicien Querque dans un supermarché où il cherche de toute évidence à provoquer pour se faire embarquer. Au poste, l’inspecteur Granier refuse de le garder, de l’enfermer malgré ses demandes répétées, il le fait jeter dehors. Jéronimo, journaliste, passant par là, recueille Querque à bord de son véhicule et accepte d’aider ce dernier à aller en prison en rédigeant un article… L’inspecteur Granier quant à lui décide de passer la nuit dehors à arpenter les rues de la ville comme il le fait de temps à autre. L’épouse de l’inspecteur, Olga, profite de l’absence annoncée de son mari pour aller chercher le frisson en ville… Tout ce petit monde va se croiser au cours de la nuit, errant autour du Facultatif Bar, s’y abreuvant, se confiant à sa gérante et propriétaire, Ginette Maugru. Jéronimo et Querque vont y retrouver Zurpath et Truniek, deux anges déchus. Granier va y descendre pour inspecter les chambres ouvertes dans les étages aux couples cherchant l’anonymat, Olga Granier y viendra aussi… L’inspecteur croisera également des tueurs à la poursuite de Jéronimo… Les cadavres se multiplient.

Toutes ses allées et venues et leurs conséquences sont observées par Ginette Maugru et le boucher Trousquaille et ses deux apprentis.

Pas d’événement incongru pour mettre le chaos dans cet univers, juste des destins qui s’entrecroisent et qui suffisent à eux seuls à semer le désordre et la mort. Seulement des êtres mus par leurs angoisses. Une nuit presque ordinaire où la trajectoire de certains connaîtra sa fin… Une nuit peut être plus noire que d’ordinaire.

 

Bartelt sème les corps mais également les âmes perdues, détruites, déglinguées. Il les sème et observe les conséquences de leurs errements. Un mari et une femme pas si désunis que cela, un fils et sa mère plus soucieux l’un de l’autre qu’il n’y paraît, des anges victimes de la surpopulation des cieux et contraints de frayer avec les vivants…

C’est un roman fort, prenant et sordide que nous donne à lire le romancier. Un roman qui peut faire penser au Grand Bercail , avec sa vision de la torture comme ciment de la société. Comme fondement. Qui peut faire penser également à  La chasse au grand singe ou encore à Massacre en Ardennes par sa vision désabusée des humains. Une humanité qui n’est plus guidée par “la soif et l’amour” mais qui “se nourrit d’injustices et de violences”. Ou peut-être les deux.

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4 mai 2013 6 04 /05 /mai /2013 10:59

En 2011, Bartelt revient du côté des éditions Le Dilettante où il avait déjà publié deux romans en 2008,  La belle maison et Les nœuds. Ça s’appelle cette fois La fée Benninkova. Et c’est une fiction loufoque, décalée.

L’histoire nous est racontée par Clinty Dabot, elle débute quand la fée Benninkova débarque chez lui. Elle déboule chez lui, de force, pour utiliser ses toilettes, et cette irruption est le prétexte à un retour en arrière pour expliquer comment il La fée Benninkova (Le Dilettante, 2011)en est arrivé là. Car elle le découvre déprimé. Ruiné, au bout du rouleau… Parce qu’il l’a accueillie, Benninkova lui promet de réaliser un vœu et lui demande d’y réfléchir… La réflexion appelle les souvenirs et l’arrivée de la créature magique, car c’en est une, est comme un signal, celui du grand déballage. Seulement, Benninkova est une fée sans baguette, elle doit en attendre une nouvelle et les confidences prennent de l’ampleur avec le temps qui s’écoule.

Au fur et à mesure de ses souvenirs, le narrateur revit sa relation avec Marylène, la caissière du supermarché. Clinty Dabot est handicapé et quand Marylène lui prête attention, il sait qu’il a enfin trouvé quelqu’un avec qui partager pas mal de choses. Et elle va se montrer particulièrement conciliante… Il peut alors rattraper le retard accumulé dans les relations humaines… Mais on n’a rien sans rien…

Bartelt s’en donne à cœur joie en instillant un peu de fantastique dans une histoire qui pourrait n’être qu’un constat socialisant, le récit d’un banal fait divers. Rien n’étant jamais banal sous la plume de l’écrivain, on voit se dérouler sous nos yeux la descente, la dégringolade, d’un naïf… Mais la naïveté ne nuit pas toujours et la fée Benninkova se charge de le lui prouver.

C’est féroce, irrévérencieux, caustique, et, comme toujours, servi à point.

 

Après un retour chez Le Dilettante, c’est Gallimard que retrouve Franz Bartelt l’année suivante. Il y était déjà revenu en 2010 pour le recueil de nouvelles La mort d’Edgar. Il y revient cette fois pour un roman, Le testament américain, qui trouve parfaitement sa place dans sa bibliographie et ses thèmes de prédilection. Une petite communauté, un groupe de personnes, se trouve confronté à un événement improbable.

Le petit village de Neuville hérite de Clébac Darouin, un millionnaire états-unien, né par hasard dans la commune, mort récemment et ayant tenu à être enterré dans sa terre natale. L’héritage n’a rien de classique, il s’agit d’un cimetière. UnLe testament américain (Gallimard, 2012) cimetière aménagé par des paysagistes et des architectes et où chaque habitant se voit offrir une sépulture. Une sépulture qui a tout du tombeau grandiose, plus grand que la vie si chère à ceux d’outre-Atlantique, habitable s’il ne s’agissait pas d’un tombeau. Les esprits s’en trouvent bouleversés… Chacun connaît désormais sa dernière demeure et ça chamboule un peu.

Les habitants prennent pourtant la nouvelle avec philosophie, un certain bon sens. Mais des petits riens vont les faire évoluer, vont bousculer le quotidien du patelin reculé.

C’est une galerie de personnages que nous offre le romancier. Une galerie de personnages somme toute ordinaires mais confrontés à une situation extraordinaire, incongrue, déstabilisante. Le premier à en faire les frais, à profiter du cadeau du millionnaire n’est autre que le maire, Albert Pneu, qui trépasse lors de l’inauguration du lieu… Un maire par intérim est désigné, il s’agit de René Vendrèche, et tout pourrait aller pour le mieux.

La veuve doit être satisfaite, comme il est de coutume dans le village, dans tous ses appétits, Fricoteau s’y colle… René Vendrèche a la velléité de tout régenter bien que doté d’une certaine bêtise…

Tout se déglingue, tout passe à la moulinette, l’inceste ancestral d’une famille, les constructions du village moins solides que celles du cimetière et la nouvelle qui commence à se répandre au-delà des frontières de la commune et dont il faut gérer l’impact.

Le village est confronté à des choix difficiles, chaque habitant hésite, des amants s’affrontent pour savoir s’ils seront toujours unis pour l’éternité ou pas, d’autres familles hésitent à accueillir de nouveaux membres en leur sein…

Bartelt s’amuse à décrire les tares de ses contemporains en les plaçant dans une situation qui va révéler leurs travers, leur capacité d’adaptation frisant le grotesque. Et on s’amuse avec lui.

Ça frise le plaisir inavouable de voir ainsi maltraité son prochain. Mais, c’est tellement bon. Et si bien conté.

 

L’année 2012 n’est pas finie pour l’écrivain, un autre roman paraît aux éditions D’un noir si bleu, un roman dont on reparle bientôt. Un roman noir.

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 13:48

En 2008, Bartelt continue d’écumer les éditeurs. C’est cette fois aux Editions La Branche qu’il commet et publie un nouveau court roman, Nadada. Comme pour Oppel et la même maison, il s’agit d’un hommage, au moins dans le titre, à Jean-Patrick Manchette et, pour cette fois, son Nada.

Dans ce livre typique de Bartelt, on suit Moncheval. Ce dernier s’est mis en tête d’écrire un bouquin et, pour mettre toutes les chances de son côté, il mène une investigation. Auprès d’autres piliers de bar, il s’informe de ce que ça peut vouloir dire écrire un bouquin, qu’est-il nécessaire pour parvenir à pondre un best-seller. Car s’il veut écrire un bouquin, Nadada (La Branche, Suite Noire, 2008)c’est pour se faire du fric et, il en est sûr, la littérature peut permettre de s’en faire un paquet. Dans le même temps, en parallèle, Moncheval nous raconte l’histoire de Moncheval menant une enquête sur le tueur en série qui sévit dans la ville, l’histoire qu’il aimerait tant écrire… Deux investigations pour un roman savoureux.

Les personnages sont, comme toujours chez l’écrivain, particulièrement réussis, on imagine son appétit à observer et à nous livrer le fruit de cette observation, mâtinée d’une dose d’imagination. Comment un de ces personnages comme on en croise souvent pourrait-il devenir le personnage d’une intrigue romanesque ? C’est sans doute la question que doit souvent se poser le romancier. Tremper la réalité dans la fiction, mélanger, en ne lâchant rien de la réalité ou de la fiction… On obtient chez Bartelt des situations loufoques, décalées, avec des personnages tellement proches de ceux que l’on voit tous les jours qu’on ne pouvait, jusque là, pas les imaginer dans une de ces fictions que l’on aime…

Le tout est assaisonné de maximes, de ces pensées qui décrivent le monde et le mettent en boîte en quelques mots. De ses pensées profondes qui ont pour principal attrait de nous faire sourire tellement elles sont péremptoires, définitives et décalées, vues d’un point de vue si particulier qu’il transpire de lui-même de la phrase… De ces phrases dont il suffit d’un rien, l’ajout de quelques mots, pour en détourner le sens, en faire un autre aphorisme.

Vous l’aurez compris, c’est un Bartelt pur jus, si l’on peut dire, un de ces bouquins plongeant ou plongés résolument dans l’univers original de l’écrivain.

 

En 2010, l’année suivant la parution d’un recueil de textes intitulé Petit éloge de la vie de tous les jours faisant partie d’une série commandée à différents auteurs, ce sont les éditions Finitude qui publie le nouveau roman de l’écrivain, Je ne sais pas parler.

Dans ce texte, les pensées d’un écrivain ses succèdent, nous sont donner à lire, pour nous expliquer pourquoi cet Je ne sais pas parler (Finitude, 2010)écrivain ne sait pas parler. C’est un monologue qui vient à la suite d’une invitation à un entretien que l’écrivain, le personnage central du livre, celui qui écrit à la première personne, n’a pu refuser, lui qui parvenait toujours à éviter cet exercice.

Le temps fuit, le moment fatidique approche et l’angoisse monte dans la gorge du personnage principal.

Nous sommes de nouveau confrontés aux pensées d’un homme, un homme pétri de certitudes, se connaissant et connaissant les autres. A sa manière. Un homme démuni, qui ne sait plus comment faire face à la réalité. Comment affronter les autres. Il va donc imaginer les stratagèmes possibles pour vaincre l’épreuve…

C’est un texte simple, direct, que nous propose Bartelt. Un de ces textes dont il a le secret, un de ces textes qui, sous couvert d’évoquer un cas très particulier, finit par nous parler à nous, nous toucher…

 

La même année paraît le texte suivant de l’écrivain, une novella éditée par les éditions de l’atelier in8, dans la collection Polaroïd dirigée par Marc Villard, Parures.

L’histoire nous est racontée à la première personne par un enfant devenu grand. Il nous décrit son quartier, un quartier d’immeubles, de pauvreté, un quartier d’où l’on jette les ordures par la fenêtre… Son plus grand souvenir est celui d’un Parures (in8, 2010)incendie, celui de l’église, un spectacle pour tout le voisinage. Il revient ensuite sur son enfance, une enfance difficile parce qu’il n’était pas à sa place, il était comme un mouton noir.

Cette histoire, comme une confidence, est celle des relations entre le narrateur et sa mère. De ses relations et des conséquences sur son existence de tous les jours. Sa mère s’est, en effet, passionnée pour les habits, les modes et a tout fait pour que son fils soit paré des plus beaux atours. Elle a sacrifié leur budget à cette folie. Le fils était une poupée qu’elle habillait au mieux, dont l’apparence était sa seule préoccupation…

Seulement, l’apparence, dans un tel quartier, a ses exigences. Un gamin se doit d’être sale, ses habits se doivent d’être élimés, rapiécés. Ils vont l’apprendre à leur dépend. Le môme en premier, victime des brimades de ses camarades, d’une mise en quarantaine des enseignants.

Et puis, la mère… Elle ne vit que pour habiller son enfant, toute son existence est rythmée par cette folie, cette passion, qui en vaut bien d’autres. Mais c’est une passion déplacée et l’assistante sociale va se charger de lui faire comprendre. A partir de cet instant, de la mise sous surveillance des allocations données par la mairie, la mère perd pied…

Bartelt, à travers la description de cette famille, épingle une société qui ne tolère pas les écarts, les excentriques, les singularités. Quel que soit l’endroit, il faut se conformer à son environnement…

C’est, comme souvent chez l’auteur, une histoire qui, sous couvert de décalage, de bizarrerie, nous amène à nous poser des questions sur ce monde qui nous entoure et dans lequel nous vivons. Il nous en propose une vision acide. Posant le doigt sur ses travers… Par forcément ceux des individus mais aussi ceux des groupes qui ne raisonnent plus, qui suivent des habitudes sans plus jamais s’interroger.

 

Avec ces trois textes, Bartelt observe ses contemporains et cette société qu’ils ont créée et qui est loin d’être parfaite. Qui ne prend plus en compte l’individu et ses particularités. Il faut se fondre dans la masse pour avancer sans être montré du doigt. Ecrire ne peut être envisagé par le premier venu, il y a des codes à respecter. Quand un livre est écrit, il convient de communiquer et de maîtriser cette société de communication. Et, quelque soit l’endroit où l’on vit, il faut se conformer aux us et coutumes, sous peine de s’isoler, de perdre sa place…

 

Bartelt continue dans ses livres suivants à nous montrer la société telle qu’il la voit, cruelle, comique. Parce qu’il vaut mieux en rire… jaune ou noir.

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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 15:27

L’année 2005 et ses brèves explorations achevées, le prix Goncourt de la nouvelle remporté pour son excellent recueil Le bar des habitudes, Bartelt revient dans la collection qui lui a valu son plus grand succès. Après avoir publié chez divers éditeurs plus modestes, il retourne dans le giron des éditions Gallimard et retrouve la “série noire” avec Chaos de famille. Nous sommes en 2006 et même si la collection a changé de format, elle accueille de nouveau l’écrivain.

 

Chaos de famille est un roman que Bartelt ne peut renier. On y trouve tout ce qui fait sa singularité, tout ce qui l’a singularisé aux yeux des lecteurs. C’est tonitruant, d’aucuns diront truculent, ça va à fond dans son sujet, très loin…

Dépression et voisinage, ces deux fléaux touchent Carmina et son mari, le gros Plonque. Le gros Plonque fait ceinture Chaos de famille (Gallimard, 2006)depuis longtemps, depuis que sa femme lui préfère la télévision, il fantasme sur la voisine tandis que la dépression explique le comportement de sa femme et de sa famille… Ça va tomber comme des mouches.

Le verbe est haut. En couleur, en gouaillerie. Les personnages sont bruts de décoffrage et la part belle est donnée aux dialogues. L’histoire n’est pas au centre du bouquin, advienne que pourra…

Et bizarrement, je ne suis pas allé au bout. Allez savoir pourquoi ? J’avais pourtant lu jusque là tout ce que le romancier nous proposait, avec une certaine délectation pour ne pas dire une délectation certaine. J’ai lu depuis les autres romans avec plaisir mais là, je me suis arrêté… Un accident.

Peut-être la collection dans laquelle il était publié m’a-t-elle induit en erreur ?… Peut-être. Mais d’un autre côté, c’est pour le nom en haut sur la couverture, pas celui en bas, que j’ai acheté le bouquin.

Alors, voilà, il y a des mystères. On ne peut pas tout aimer en bloc chez un auteur, il faut bien qu’à un moment ça coince, un peu ou beaucoup. Pour Bartelt, ce fut juste le temps d’un livre… Du coup, j’y reviendrai sûrement un jour ou l’autre à ce livre. Comme pour Ellroy

 

La même année paraît un recueil de textes savoureux sur la ville dans laquelle il a grandi et près de laquelle il vit toujours, Charleville-Mézières… absolument moderne. Il s’agit d’un beau livre, avec photos de Jean-Marie Lecomte et Thierry Chantegret, publié par les éditions Noires Terres. L’ironie et l’observation décalée de Franz Bartelt donnent aux souvenirs égrainés un ton particulièrement réjouissant.

 

Après un recueil de textes parus chez Gallimard en 2007, Pleut-il ?, Bartelt revient vers la fiction l’année suivante par le biais de deux courts romans édités par Le Dilettante.

La belle maison nous conduit à Cons-sur-Lombes. Village plutôt fier de lui, surtout au travers de son maire, M. Balbe. Un maire plein d’ambitions et porté sur le bonheur de son prochain, une volonté teintée d’humanisme. Un humanismeLa belle maison (Le Dilettante, 2008) qui ne demande pas son avis à ceux à qui sont destinées ses faveurs… Car Cons ne compte pas de chômeur, mais il a ses deux marginaux, Mortimer et Constance Boulu que la population s’est empressée de surnommer les Crapouilles. Pour Balbe, les Crapouilles font tache, il faut trouver une solution pour que Cons ait encore plus fier allure, pour que Cons soit encore plus exemplaire… La solidarité va être sollicitée pour construire au couple une maison.

Franz Bartelt s’en donne à cœur joie, il esquinte toute cette gentille population à commencer par son premier magistrat. Et il le fait avec un bonheur communicatif. Tout y passe… sauf les deux Crapouilles.

C’est qu’ils se sont construit une petite vie qui leur convient et qui n’a pas besoin de l’aumône des âmes bien-pensantes. Une vie qui peut laisser libre court à leur imagination, aux visites inattendues…

Franz Bartelt nous offre avec cette Belle maison une œuvre d’une grande qualité et qui sous couvert de légèreté, épingle une nouvelle fois les travers de ses contemporains. Le style est toujours aussi impeccable, agréable, tout sauf tiède…

 

Le deuxième texte publié par Le Dilettante s’appelle Les nœuds.

Les Porquet se sont transmis de père en fils, de génération en génération, l’entreprise familiale. Une entreprise spécialisée dans la fabrication des cordes à nœuds. Mais comme beaucoup d’entreprises artisanales, elle n’a pas su Les noeuds (Le Dilettante, 2008)se diversifier et exerce une activité pas loin d’être obsolète. Le dernier de la lignée, Basile, en a parfaitement conscience, tout comme il a, chevillé au corps, dans les gènes, le devoir de faire perdurer le plus longtemps possible l’entreprise. Il est à la croisée des chemins… tiraillé.

Bartelt développe au long des pages la monomanie de Basile et de ses ancêtres. Il approfondi le sujet jusqu’à plus soif, jusqu’au vertige… Et c’est un plaisir de le voir passer par tout ce que l’on peut imaginer autour d’une fiction sur le nœud.

C’est un livre ludique comme beaucoup des livres de son auteur, un livre dont le sujet est approfondi, étudié, tourné en tout sens, comme souvent. C’est un aspect des livres de Bartelt qui en fait des objets uniques, ils ne sont pas écrits pour un lecteur en particulier, pour le lecteur, ils sont des explorations de l’écrivain. Exploration d’un vocabulaire, exploration des possibilités offertes pas un postulat de départ… C’est ce qui leur donne ce goût unique, ce qui accroche un sourire aux lèvres du lecteur pour peu qu’il aime ce type de jeu…

 

Avec ces deux romans publiés en même temps, Bartelt nous donne à voir deux facettes de son talent, deux caractéristiques de ses histoires, l’observation d’une communauté et celle d’un individu, les deux se mélangeant rarement. Même si l’individu est toujours vu en rapport avec ce qui l’entoure et la communauté présentée au travers des individus la composant…

 

Après Le Dilettante, Franz Bartelt va continuer à voyager d’un éditeur à l’autre pour nous offrir des textes singuliers et mieux revenir vers son éditeur d’origine, Gallimard, pour de nouveau s’en éloigner…

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 14:58

Après la publication et le succès inattendu du Jardin du Bossu, Franz Bartelt publie une série de textes courts chez divers “petits” éditeurs.

 

Ça commence en 2004, la même année que le Bossu, chez l’Estuaire, avec Terrine Rimbaud. Un roman qui joue avec les mots et la célébrité du poète carolopolitain. Je suppose… car il s’agit d’un texte court qui aura eu un certain succès, publié à un nombre restreint d’exemplaires, non réédité depuis, et qui est aujourd’hui difficile à dénicher. Je ne l’ai pas eu entre les mains. Ou peut-être que si, mais je ne l’ai pas acheté à ce moment-là et il semble qu’il soit trop tard à présent. Si je le dégotte, je modifierai ce passage.

 

L’année suivante, Bartelt publie deux courts romans épistolaires aux éditions Galopin.

Le premier que j’évoquerai, et pour rester dans la référence culinaire du précédent, s’intitule Liaison à la sauce. C’est un roman constitué de la correspondance de Max et Nadège. Max et Nadège se sont rencontrés sur le parking d’un Liaison à la sauce (Galopin, 2005)supermarché où il a réparé la roue de son caddie à elle, l’empêchant de continuer à couiner. Ils ont échangé leurs adresses s’étant mutuellement tapés dans l’œil. Leur histoire va prendre des proportions inimaginables… Ce sont deux héros au physique particulièrement peu attirant, il l’appelle “grosse vache”, elle le compare à un porc. Il a flashé sur son corps énorme, son visage envahi de boutons, la bave au menton. Leurs odeurs se sont répondu, des odeurs que tout un chacun pourrait trouver repoussantes… Mais pas eux. Ils se sont trouvés. Et vont vivre un amour fou.

Un amour qui va les pousser à s’explorer, à vouloir connaître ce que l’autre renferme vraiment, ce qu’il y a dans l’autre… Littéralement… Nous évoluons petit à petit vers un roman scatologique. Et Bartelt s’en donne à cœur joie, maniant un vocabulaire peu courant dans le monde romanesque. Un vocabulaire dont il se délecte comme se délecte Max de la production de Nadège… En arrivant à l’appeler sa “monitrice de la fiente en folie”.

C’est un roman court et pour lequel il faut s’accrocher. Peu ragoûtant. Le plaisir de Bartelt de jouer avec les mots est communicatif malgré l’angle nauséabond qu’il a choisi. Un roman jusqu’auboutiste comme pouvait l’être également Simple dans un autre genre ou encore Le costume, pour ce qui était de la logique alphabétique appliquée à tout.

Un roman exigeant qui exige du lecteur qu’il passe par-dessus la morale ou certaines conventions de notre société. Certaines conceptions que l’on nous a inculquées.

 

Le deuxième roman paru la même année, toujours aux éditions Galopin, est La beauté maximale. Il s’agit d’un roman épistolaire qui a fait l’objet d’une pièce radiophonique et d’une adaptation théâtrale.

De nouveau, Bartelt va mettre à mal certaines conventions de la société. Certaines lois que celle-ci édicte sous couvert de mode ou de tendance. Certaines tendances auxquels d’autres de soumettent sans réfléchir, juste par souci La beauté maximale (Galopin, 2005)d’intégration. Après Nadège qui ne voulait absolument pas être considérée comme une pouffe, en voici une qui tend vers d’autres aspirations, pas si éloignées au bout du compte.

Berthe Dufour est une fille de la campagne. Une fille de la campagne qui vient à la ville pour y travailler. Mais surtout pour y rester, pour devenir une vraie fille des villes. Elle va ainsi s’imposer une discipline draconienne pour tendre vers cette beauté maximale que l’on vante tant, devenue indispensable pour certains.

C’est une nouvelle fois savoureux et vachard. Les personnages ne sont pas épargnés et l’intrigue ne fait pas de concessions, allant jusqu’au bout d’un parti pris du romancier. Le style de Bartelt s’adapte et nous emmène avec plaisir dans cette histoire qui joue avec les clichés. Débusquant les travers humains.

Sous une forme légère, l’écrivain moque une certaine tendance de la société… et c’est, au final, plaisant.

 

Toujours en cette année 2005, Franz Bartelt publie un savoureux recueil de nouvelles chez Gallimard, Le bar des habitudes, qui lui vaudra d’ailleurs le Goncourt de la nouvelle. A lire, comme les nouvelles de Marcus Malte, de Daeninckx ou encore de Yoko Ogawa.

Teddy (Six pieds sous terres, Liber Niger, 2005)Il continue ensuite dans le court aux éditions Liber Niger avec Teddy, illustré par Blutch.

C’est un fait divers qui devient le prétexte à une galerie de personnages particulièrement soignée. L’occasion pour l’auteur d’épingler une nouvelle fois ses contemporains. Un adolescent a disparu et tous s’interrogent. Sur les raisons qui l’ont poussé à cette fugue et sur ce qui les fait avancer eux-mêmes. C’est le prétexte ou l’opportunité pour remettre en cause certaines habitudes, pour se remettre en cause, et se demander si tout cela vaut la peine.

Par petites touches, le romancier nous permet d’approcher la réalité de ses différents personnages, leurs doutes, leurs difficultés à se conformer à ce que la société attend d’eux. Des personnages dont les choix de vie n’ont pas toujours été de leur fait… Des personnages subissant et dont la fugue de Teddy va constituer, très modestement, un révélateur.

Un roman noir particulièrement réussi.

 

Après cette période de publication de textes courts, Bartelt va revenir en 2006 à la “série noire”.

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 11:37

Deux ans après son précédent roman, Franz Bartelt publie le suivant, le premier du tiercé gagnant que je vais évoquer dans ce billet. Le grand Bercail paraît en 2002 chez Gallimard. C’est un roman qui nous parvient après la parution de l’hommage que l’auteur devait bien à l’un de ceux qui l’ont amené à l’écriture, André Dhôtel.

Le grand Bercail, le roman, prend place dans la ville de Reboul, une ville imaginaire au nord des Ardennes françaises… Une ville avec château et musée. Le musée de la torture. Le grand Bercail, c’est le nom de l’hôpital psychiatrique de la ville, de son asile. Un asile qui pourrait être un cousin de celui des Fiancés du Paradis et de ce pavillon qui donne son nom au livre.

Le grand bercail (Gallimard, 2002)La ville de Reboul se prépare pour son festival estival, festival qui est consacré à ce qui fait la renommée de la ville, la torture… Chacun s’y met, chacun y va de sa contribution, chacun est sollicité, pour faire du festival une réussite. Chacun autour et à l’intérieur de ce Grand Bercail, sensé circonscrire la folie dans ses murs… Mais la folie ne peut être monopolisée par un seul endroit et elle s’empare de la ville avec une telle facilité qu’on se demande si les fous sont bien ceux que l’on croit… C’est l’hécatombe. Et une hécatombe raffinée puisqu’elle obéit à cette spécialité tant mise en avant, la torture, et à ses instruments.

Ça dézingue sec, pas seulement parce que quelques uns passent de vie à trépas, mais aussi parce qu’aucun des savoureux personnages n’est épargné. Du premier magistrat à l’humble fou.

Le grand Bercail est tout en férocité, il s’amuse avec les petits travers de tout un chacun, avec nos petits travers. Car ce qui nous fait sourire à la lecture de ce roman, c’est que Reboul n’a au final rien d’imaginaire. Que ses habitants pourraient être nos voisins, ou nous-mêmes. Et tout cela est dit avec un tel amour de la langue, une telle envie de jouer avec en même temps qu’avec les mœurs de notre société, que Le grand Bercail est une véritable réussite. Un roman qui se tient d’un bout à l’autre et qui nous fait rire sur nous-mêmes, ça n’est pas si souvent.

 

Après la publication d’un petit bijou, Nulle part mais en Irlande, récit de voyage au plus près des pensées du touriste qui souffre pour vivre à fond son excursion, Bartelt propose un nouveau roman en 2003, Charges comprises, toujours aux éditions Gallimard.

C’est un roman qui revient à ce qu’il nous a déjà proposé auparavant, la rencontre de deux êtres que ne prédestinait à se connaître, à se parler. Deux être dont les univers vont de rejoindre. Comme dans Les fiancés du Paradis, Le costume ou Simple, un homme et une femme se croisent et commencent à échanger. Le sujet de leurs échangesCharges comprises (Gallimard, 2003) n’est pas, cette fois, une séparation, une disparition ou un marché, mais un peu tout cela à la fois.

Gontrane vient de perdre sa mère, Jean Trégaille est un écrivain qui a perdu l’inspiration en même temps qu’il a renoncé à boire. Ces deux individus vont d’abord échanger dans le centre commercial de la ville, un immense espace où l’on peut sans problème occuper sa journée. Sans problème l’occuper avec ses activités habituelles… Celles de Gontrane consistent à manger tant et plus pour entretenir son surpoids mais aussi parce que c’est ce qu’elle fait de mieux. Trégaille la suit, l’écoute, se confie.

Gontrane a décidé de quitter son mari qui la frappe et Trégaille n’a plus rien à quoi s’accrocher… Petit à petit, l’histoire devient la préoccupation des personnages. Comment la poursuivre ? Comment se poursuivrait-elle dans un roman de Trégaille, auteur de polar en panne d’inspiration ? Ils en causent, envisagent, négocient…

Ils se baladent, des limites de la ville à l’hôtel de la gare.

Bartelt s’attache à ses personnages, leur laisse prendre la place, les laisse nous confier leurs interrogations, leur vision de la vie, cette façon de penser si spécifique à chacun et qui devient sous sa plume une philosophie… Philosophie de l’existence, de l’écriture.

 

Alternant toujours les genres, Bartelt publie en 2004 un recueil de chroniques, Plutôt le dimanche, aux éditions Labor, avant de revenir au roman. Fidèle à Gallimard, il va effectuer un trajet que peu ont parcouru avant lui, il va passer de la “blanche” à la “série noire”. Déjà Le grand Bercail aurait pu être édité dans cette collection mais le pas est franchi en cette année 2004 avec Le jardin du bossu.

C’est de nouveau une rencontre qui déclenche l’histoire, qui produit ce basculement nous plongeant dans l’intrigue. Le jardin du bossu (Gallimard, 2004)Cette fois, c’est entre deux hommes. Le narrateur découvre celui qu’il commence par appeler le “con” en spécialiste qu’il est. Le con se vante, en fait des tonnes, se saoule. Et le narrateur finit par y voir une opportunité. Un moyen facile d’empocher de l’argent. Cet argent qu’il lui faut ramener à la maison selon les exigences de sa moitié… Et notre narrateur, partisan de l’idée de gauche, philosophe de comptoir ayant pris conscience de lui-même, suit le con. Et il va en apprendre plus qu’il ne le souhaite sur sa victime désignée, sur cet homme qui lâche les billets par poignées et qui fréquente les bars, comme lui…

Ce qui commence comme une farce, racontée par un homme dont on aurait presque pitié tant il est pétri de certitudes, va basculer. Nous sommes dans un cauchemar, un cauchemar qui fait sourire ou rire, un cauchemar rosse. C’est que ce “con”, ce Jacques, ne l’est peut-être pas tant que ça… C’est que cet homme, ce narrateur, plein de certitudes va devoir tout remettre en cause. Et nous avec. Les apparences sont trompeuses.

Bartelt, dans un langage savoureux, au plus près des pensées de son narrateur, nous raconte une histoire comme on les aime, pleine de rebondissements, et pas si limpide que ça.

Au départ, ce roman n’était pas destiné à être publié, alors Bartelt s’est lâché, il est allé loin dans la violence, le décalé, il a fouillé ses personnages encore plus profondément, parodiant presque certains des romans parus dans la même collection et se prenant beaucoup plus au sérieux.

C’est un excellent moment de lecture. Que certains trouveront peut-être trop simple, léger, mais que j’ai goûté avec plaisir.

 

Bartelt continue d’écrire tous les jours, sélectionnant pour la publication quelques passages de sa prose, d’autres romans sont donc venus ensuite. Nous en reparlerons.

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 15:36

En 1999, un an après son précédent roman et au cours d’une année riche en publications, Bartelt commence à prendre ses aises, à oser aller voir ici ou là, à explorer les genres… ou ce que l’on appelle ainsi parce qu’il est tellement aisé, pour se repérer, d’établir des classifications de toutes sortes… Quand je dis qu’il commence, je parle de ses ouvrages publiés. J’y reviendrai.

Ce n’est plus Gallimard qui s’y colle, mais presque. Cette fois, c’est le Mercure de France qui édite l’écrivain. Une maison d’édition liée à l’autre, la grande, la prestigieuse, pouvant plus oser parce que moins exposée, peut-être. Car il s’agit d’un roman qu’il faut oser publier. Un roman qui peut déranger. Il s’agit de Simple, paru dans la collection “Mercure galant”.

CommSimple (Mercure de France, 1999)e le titre de cet article le suggère, c’est un roman qui explore les relations intimes, charnelles. C’est un roman qui explore un pan de littérature, les possibilités qu’offre un vocabulaire peu usité, confiné à certaines collections. C’est explicitement cette exploration que nous propose Bartelt puisqu’il met en scène la rencontre d’un écrivain avec une jeune femme, vierge. Deux personnages qui passent un marché.

L’écrivain est en mal d’inspiration, il cherche le sujet qui le motivera suffisamment pour écrire cette œuvre qu’il sent en lui… Le sujet, c’est elle qui le lui amène, qui le propose. Le sujet, c’est elle, cette jeune femme qu’il rencontre et qui accepte de se confier, de se donner, contre la rédaction d’un roman pornographique… Elle va l’entraîner, le stimuler, le motiver. C’est l’histoire de l’écriture d’un roman et d’une relation aux mots crus, d’un échange dans lequel la parole prend toute sa place, la langue si riche de mots. Une langue que le roman va triturer en tout sens.

C’est donc à une exploration que nous invite Bartelt. L’exploration d’une langue mais aussi l’exploration de l’écriture, de son rapport à la langue, à la parole. Et comme souvent, Bartelt fouille son sujet à fond, il en parcourt les possibilités multiples… Au risque de nous perdre quelques fois, de nous étouffer sous un vocabulaire un peu trop…

C’est un nouveau pan de son univers que nous offre l’écrivain, cet amour de la langue qui le pousse à aller loin, très loin…

 

Cette même année, Bartelt publie Suite à Verlaine, des “notes pour un roman” autour du poète et de la période où il a vécu dans la partie champenoise des Ardennes, cette partie champenoise qui n’est pas sans nous rappeler les paysages décrits dans Simple. Il publie également pour une nouvelle maison d’édition, Quorum, des chroniques, des nouvelles et un roman, Massacre en Ardennes. Un roman noir qui sera publié de nouveau en 2006 aux éditions Labor, Quorum ayant disparu. Un roman qu’il écrit avec Alain Bertrand, autre écrivain ardennais, belge celui-là.

Et ces deux écrivains commettent un roman situé dans les Ardennes… Un roman noir. Massacre en Ardennes (Labor, 2006)

Une manifestation d’opposants à l’installation d’un centre d’enfouissement de déchets nucléaires débouche sur la mort d’un député écologiste français. Au même moment, Max débarque dans ces Ardennes que le corps médical lui a conseillé d’aller humer… Max débarque alors que l’hécatombe est en marche, il va y évoluer au milieu des magouilles, des règlements de compte, à la recherche d’un moral qu’il n’a plus… Et, ce genre d’aventure, on peut dire que ça requinque.

Ça requinque d’autant plus que, sous la plume de nos deux compères, tout y passe joyeusement. Ça dézingue et ça décape. Ça philosophe comme souvent chez Bartelt, nous offrant une vision de nos contemporains, du plus humble au plus ambitieux, sans concession. Chacun en prend pour son grade, nous aussi finalement…

C’est un roman à lire, un roman qui dépaysera peut-être ceux qui n’habite pas ce coin coupé par une frontière, entre Belgique et France. Un roman qui ravira les amateurs d’humour grinçant… un roman comme Bartelt nous en offre souvent.

 

Après ces escapades loin de son éditeur du début, Bartelt y reviens en 2000, avec un roman qui sera, comme le précédent, réédité chez Labor, Les bottes rouges.

Ce roman est l’occasion de parler un peu des habitudes d’écriture du romancier. Comme il me l’avait raconté lors de notre rencontre, il écrit tous les jours une œuvre qui n’est pas forcément destinée à la publication. Il en extrait parfois un volume pour un éditeur ou un autre, il y pioche. Cette habitude d’écriture de plusieurs années, avant même d’être publié. En fait, Bartelt a attendu d’être satisfait de ce qu’il écrivait, vraiment satisfait, pour le proposer à un éditeur… En l’occurrence, Gallimard. Et le roman qu’il a proposé à la maison d’édition de la rue Sébastien Bottin (à l’époque) est Les bottes rouges (Gallimard, 2000)justement celui que j’aborde à présent, Les bottes rouges. Les éditions Gallimard lui ayant demandé d’autres romans avant de publier celui-ci…

Il reprend dans cette histoire deux thèmes abordés dans les deux précédents romans, les relations homme-femme et la dépression.

Le narrateur est journaliste pour la gazette local, suffisamment médiocre pour y avoir sa place. Mais il a une passion, l’épluchage des pommes de terre, la recherche de l’épluchure la plus fine… Il a également une habitude, celle de partager l’apéritif avec son voisin Basile. Ce voisin qui va lui confier ses mésaventures. Mésaventures conjugales.

Alors qu’il voue à son couple de vingt ans une certaine fidélité, le voilà qui tombe dans les bras d’une jeunette et que sa femme l’apprend… L’occasion d’une série de pensées sur le mariage, le couple, et sur les relations de voisinage… Bartelt commet une fois de plus un roman savoureux, pas seulement à cause des pommes de terre, mais surtout parce qu’il le parsème d’observations vachardes sur l’attachement des hommes aux femmes et ce que celles-ci peuvent faire subir à leur homme… en l’occurrence une dépression carabinée de l’épouse qui va mettre au trente-sixième dessous le mari adultère, qui va lui faire perdre toute capacité de réfléchir… Et qui va quelque peu chambouler l’environnement proche.

C’est un roman plein, à déguster, que le romancier nous concocte là.

Un roman qui annonce parfaitement la qualité des suivants. Leurs saveurs faites de rencontres improbables, de revendications cocasses, de philosophie populaire et de voisinage détonnant… Et toujours, ce recul, ce décalage, sources de sourire

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 14:32

Le premier roman publié de Franz Bartelt paraît en 1995, il s’intitule Les fiancés du Paradis.

C’est un univers original qui se déroule sous nos yeux. Un univers profondément ancré dans le réel, le social, mais qui s’en échappe, nous propose de nous en évader. L’univers d’un écrivain qui scrute ses semblables à la rechercher de ce qui les fait avancer, ce qui les meut.

Pour Frioul, ce sont les statues. Ces statues qui ornent nos espaces verts, nos rues. Qui surmontent nos monuments. Ces statues qui nous rappellent les grands anciens, ceux qu’il ne faut pas oublier… Et qui, pour Frioul, lui permettent Les fiancés du Paradis (Gallimard, 1995)de garder le contact avec leur modèle. Il va d’une statue à l’autre, organisant ses itinéraires dans la ville en fonction de ceux qu’il veut voir, de ceux avec qui il veut converser. Car il parle aux statues et celles-ci lui répondent.

Au gré de ses pérégrinations, il va croiser dans le square, une statue qu’il n’avait jusqu’ici pas remarquée. Mais rien de surprenant à cela, l’homme parsème encore de nos jours de statues les endroits les plus divers. Là, c’est un banc… Ils échangent, jusqu’à ce que Frioul constate que c’est bien un être en chair et en os qu’il vient de rencontrer, Zouline. Une pensionnaire de l’hôpital psychiatrique de la ville, une résidente du pavillon paradis, une femme qui ne se remet pas de sa séparation de l’homme qu’elle aimait et qu’elle aime toujours…

Frioul va lui ouvrir son univers, lui faire part de sa philosophie, lui faire rencontrer les humains qu’il fréquente. Un sculpteur, Guilledou, qui se refuse à faire du figuratif. Un patron de bar, Le méque, qui aime à penser qu’il parle en anglais et dont le troquet est, pour Frioul, un navire qui lui offre sa barre pour voguer vers les ailleurs qu’il se plait à imaginer. Frioul va se trouver un nouveau but, aider Zouline…

Avec se premier roman, nous entrons de plein pied dans un univers à part. Si proche, du nôtre, comme je l’ai dit, mais dont la vision décalée nous le fait voir pour la première fois. Pour la première fois, sous cet angle qui, à force d’être détaché, devient cocasse, frôle l’absurde. Et nous fait sourire.

Les personnages de Bartelt vont jusqu’au bout de leurs passions, de leur philosophie. Le style de l’écrivain les y emmène avec poésie. Un style si remarquable qu’il nous semble simple, allant de soi, et que l’on adopte sans effort…

 

L’année suivante paraît, toujours dans la collection “blanche”, La chasse au grand singe.

Trois amies d’enfance se trouvent réunies à la suite du décès du mari de l’une d’entre elles. Nadia ayant perdu Henri, ses deux amies, perdues de vue depuis plusieurs années, se font un devoir de l’épauler dans ces circonstances douloureuses. Un devoir qui va parfois ressembler à une concurrence acharnée, chacune voulant avoir la préférence de la toute récente veuve. Dans le même temps, ce sera l’occasion pour chacune d’entre elles de remettre en cause leur train-train quotidien. Un train-train qui va par là même être chambouler.

Mélosse est révoquée de l’Education Nationale après avoir frappé l’un de ses élèves. Les livres sont un de ses La chasse au grand singe (Gallimard, 1996)moteurs et elle va petit à petit se rendre compte qu’elle aspire à autre chose, une vie simple aux aspirations proches des seuls besoins vitaux… Elle va ainsi se rapprocher du grand singe du parc d’attraction de la ville, cherchant à assouvir avec lui son besoin de retour à la nature des choses, à une certaine bestialité. Avec un grand singe, ça tombe bien.

Gilda est la femme du libraire de la ville, M. Luirque. Un libraire qui a de grandes aspirations, lui aussi, briguer la mairie. Après la présidence du club de foot, ça semble être une progression logique. Seulement, des lettres anonymes vont se mettre à pleuvoir sur lui, dénonçant certaines pratiques qu’il s’est contenté d’hériter de ses aïeux. Il y a notamment le droit de cuissage qu’il exerce sur ses employées…

Nadia, quant à elle, tente de ressembler à l’image de la veuve que se fait son entourage. Tout en se laissant parfois emporter par sa liberté nouvelle…

C’est joyeux, vachard, caustique. Tout ce petit monde passe à la moulinette pour notre plus grand plaisir. Un plaisir teinté de sérieux, questionnant, puisque toutes ces bonnes gens et leurs travers, ne sont finalement pas si éloignées des nôtres. C’est là un des talents de Franz Bartelt de nous faire rire de nous…

 

Après avoir fait paraître de la poésie et des recueils des chroniques qu’il a commis pour le journal local, Bartelt revient au roman en 1998 avec Le costume.

C’est une nouvelle fois une veuve, Micheline, qui est à l’origine de l’intrigue. Mais une veuve qui va vivre son veuvage de manière bien différente de la précédente. Elle ne peut, en effet, s’appuyer que sur la sollicitude de ses voisins immédiats, avec tout ce que cela peut avoir comme limite ou inconvénient.

Le costume (Gallimard, 1998)Elle cherche à faire son deuil, en tentant d’effacer les traces de José, son défunt mari, du domicile conjugal. Elle n’a aucun mal à se débarrasser de ses habits… sauf de ce costume de tweed qui lui allait comme une seconde peau, qu’il portait si bien et qui se mariait si bien avec sa profession… Ce costume, elle finit par le céder au Secours Catholique en exigeant au passage qu’il ne soit donné qu’à un homme qui le porterait bien.

Et c’est le cas, finit-elle par constater. Un tel costume ne peut passer inaperçu et elle le voit sur le dos d’un inconnu qu’elle va finir par suivre puis aborder. Dans le même temps, sa voisine se charge de lui trouver un compagnon qui pourrait la satisfaire, elle est encore jeune et peut en profiter…

Le porteur du costume, Augustin Benoît Cheurte, va s’avérer adepte d’une discipline pour le moins originale et que Micheline va se faire un devoir d’adopter avec tout ce que cela pourra provoquer comme réaction dans son entourage…

Comme pour son premier ouvrage, Bartelt nous convie à une rencontre pour le moins insolite. Une rencontre qui ne va pas se faire sans heurt, sans difficulté. Une rencontre qui va chambouler les habitudes des personnages, les remettre en cause, les interroger.

A la manière de Simenon, Bartelt nous invite dans son intrigue au moment où un événement fait basculer la vie de ses protagonistes. A la différence de Simenon, c’est avec un certain recul qu’il jette un œil à ses personnages, nous en proposant une vision presque comique, sans implication. Et tout ceci avec un style savoureux, un style d’amoureux de la langue, u style au vocabulaire soigné, précis, riche…

 

Bartelt va ensuite poursuivre son exploration du langage, proposant des intrigues variées, visitant des genres qu’il n’avait pas encore abordés. En curieux nous invitant à sa suite.

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