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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 09:09

Le troisième opus de la trilogie Underworld USA, qui reprend le nom de celle-ci, conclut la réécriture d’une partie de l’histoire des Etats-unis par l’un des écrivains les plus ambitieux, les plus egocentriques, de ce pays.

Pour en parler, j’ai repris de larges extraits (comme on dit) de la chronique que j’avais commise sur le site Pol’Art Noir en 2010, quelques mois après la sortie du roman.

 

Après un prologue en 64, nous reprenons là où Ellroy nous avait laissés. 1968, Martin Luther King et Robert Kennedy viennent de rejoindre JFK. Certains sont toujours obsédés par Cuba (notamment un certain Mesplède, un français, peut-être le frère ou l’un des descendants de celui qui apparaissait chez Lehane dans Un pays à l’aube ; peut-être des cousins ou des oncles d’Amérique de notre Claude Mesplède national), d’autres sont obsédés par l’argent et la poule aux œufs d’or de l’époque, Howard Hugues. Le pouvoir est le moteur de bon nombre d’entre eux.

Une fois de plus, Ellroy nous propose de suivre l’intrigue à travers trois personnages dont les points de vue alternent, un agent fédéral, Dwight Holly, proche de ce Hoover que nous retrouvons aussi, bien évidemment (que seraient les Etats-Unis et la trilogie Underworld USA sans ce grand malade ?), un ancien flic, Wayne Tedrow, chimiste à ses heures et déjà croisé dans le précédent opus, American Death Trip, et, enfin, un détective, Don Crutchfield, jeune et obsédé, qui fait tellement penser à la description qu’Ellroy a fait de lui-même dans Ma part d’ombre, et qui se retrouve embringué dans toutes les histoires qui vont jalonner ce pavé qu’Ellroy nous offre.

Cette sainte trinité qu’Ellroy affectionne, rencontrée dans tous ses romans depuis  Le grand nulle part, trinité qu’il Underworld USA (Blood's a rover, 2009)maîtrise particulièrement, Ellroy va en jouer, s’en démarquer, la triturer, pour mieux y revenir.

 

L’époque est pourrie, le président qui se fait élire, Nixon, est à l’avenant, il fera plus tard parler de lui, se fera prendre, on le sait tous. Les extrémistes sévissent partout, le terrorisme s’annonce, un terrorisme intérieur, de gauche comme de droite. Et la balance, l’histoire, le point de vue, va petit à petit pencher, s’incliner vers la gauche, Ellroy ayant déjà tellement exploré l’autre bord.

Les femmes deviennent des personnages importants, politisés et actifs… Les femmes et le vaudou.

Ellroy bouscule tout comme il avait déjà tellement bousculé son pays et son histoire dans les deux premiers opus de la trilogie, il bouscule même l’univers qu’il nous offrait jusque là.

Est-ce un jeu ? Ellroy joue-t-il avec nous ou est-ce qu’il ne lui restait plus que ça à dézinguer après avoir tellement dézinguer son pays ? Se dézinguer ?

Le roman noir d’une époque s’achève, l’avenir est loin d’être radieux. Nous avons suivi l’écroulement d’une nation, sa perdition et tout cela se finit en mai 1972, au lendemain de la mort de Hoover et à la veille d’une affaire politique qui va faire chuter un président, rien que ça. Ça s’arrête là et nous n’en pouvons plus. Ellroy nous laisse lessivés, épuisés…

C’est un livre exigeant, bien sûr, comme toujours, auquel il faut parfois s’accrocher, huit cent pages ça demande une certaine volonté, mais Ellroy nous donne tant en retour… Exige tant de lui, on le sent, on le sait…

 

Ellroy a trituré son univers, l’histoire de son pays. Il a affirmé une vision de sa nation et va continuer, on le sait désormais, à s’ébattre dans ce monde fictif qu’il s’est créé. Il va resserrer le plan, resserrer le cadre, pour revenir à Los Angeles. Los Angeles dans les années quarante, avec un nouvel éclairage sur ces personnages qu’il nous a offerts lors de ses deux dernières séries…

Il faudra juste être patient.

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 20:49

Après avoir démontré dans le premier opus de la trilogie sur les bas-fonds de son pays que ce dernier avait déjà perdu son innocence avant l’assassinat de Kennedy, Ellroy poursuit son entreprise de démythification. Il explore les années 60 de la fin d’un Kennedy à la fin d’un autre Kennedy.

 

American Death Trip (The cold six thousand) parait en 2001, six ans après le précédent. Un nouveau trio est à l’œuvre, nouveau trio composé en partie d’anciens. Le lien entre les deux opus se situe d’abord là. La création d’un univers, d’un monde peuplé de personnages désormais incontournables dans l’œuvre du romancier, se retrouvant d’un livre à l’autre, enrichissant une galerie déjà particulièrement étoffée. L’univers d’Ellroy, si prenant, si particulier, s’affirme, prend forme dans l’esprit même de son créateur, comme s’il l’assumait, en faisait une nouvelle force.

Pete Bondurant et Ward J. Littell sont toujours là, poursuivant leurs basses besognes. Leur travail de désinformation, de manipulation et plus si nécessaire. Ils sont rejoints par un troisième personnage, Wayne Tedrow Junior. Ce dernier vole vers Vegas avec un contrat en poche… Un contrat et six mille dollars, les fameux six thousand du titre original…

Nous poursuivons notre parcours dans les Etats-Unis des années soixante. Nous reprenons l’histoire là où l’opus précédent s’était arrêté. Nous sommes au lendemain du 22 novembre 1963. Au lendemain de ce choc qui a révélé à toute une nation qu’elle avait perdu son innocence depuis longtemps et qu’il ne American Death Trip (The cold six thousand, 2001)fallait plus se le cacher. Sauf que beaucoup ont intérêt à cacher la vérité, à se complaire dans une nouvelle légende. Une nouvelle fiction.

Après s’être inspiré de Don DeLillo et de son Libra pour nous raconter sa vision de son pays avant la fin prématurée de Kennedy, Ellroy poursuit son épopée jusqu’à d’autres coups de feu qui ont résonné longtemps dans la mémoire collective, ceux tirés contre un autre Kennedy en 1968. Bobby après John. Coups de feu qui ont résonné quelques semaines après ceux tirés contre une autre icône des années 60, Martin Luther King. Ellroy poursuit sa vision cauchemardesque d’un pays qui s’enfonce. Un roman noir à l’échelle d’un pays, un roman états-unien parce que paranoïaque, cinglé. Un roman qui vous prend et vous emporte, vous bouscule, vous donne une vision si différente des livres d’histoire ou des documentaires que l’on nous sert par pelletée sur cette époque désormais historique.

Les complots, les magouilles, se succèdent, les personnages réels et fictifs se croisent, correspondent. Certains se font de plus en plus présent, Howard Hugues, J. Edgar Hoover, notamment. Ils sont les représentants de leur époque, des figures résumant à elles seules un pays, une façon de voir le monde, de voir la société, ses individus… Des satellites indispensables au pouvoir, ou dont les représentants du pouvoir sont les indispensables satellites. Ils sont au cœur d’une reconstruction, d’une évolution de la structuration de l’économie souterraine, celle basée sur les trafics divers et qui veut s’acheter une devanture respectable lui permettant ultérieurement de s’étendre vers le sud, le centre du continent… Ça conspire, ça ne s’embarrasse pas de morale, ça trahit à tout va et cela sous les yeux et l’aval de ceux qui devraient représenter l’ordre… Mais où est l’ordre ?

 

Décidément, Ellroy veut remettre les choses à leur place, redonner aux événements leur véritable signification, donner son interprétation. Que sa mythologie, ses mensonges, remplacent ceux d’une nation, la sienne. Il le fait avec ce style qui emporte, qui force à se concentrer, qui pousse à ne pas perdre une miette de la fiction qu’il propose, de ce travail de réécriture en profondeur. C’est une nouvelle fois dense, captivant, effrayant, nauséabond, et pourtant on s’accroche, on ne veut pas lâcher… Ou certains lâchent peut-être rapidement, car il faut accepter la folie d’un romancier, son exigence.

En deux romans, Ellroy est allé très loin pour remettre en cause certains événements sur lesquels s’appuie encore son pays pour expliquer ce qu’il est devenu. Il est allé très loin pour les démonter. Il va aller encore plus loin dans le troisième volet de la trilogie en remettant même en cause son propre personnage, cet univers qu’il a créé, cette structure narrative dans laquelle il s’est complu… Mais c’est pour plus tard. Bientôt.

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 22:21

La petite pause que j'observe actuellement est surtout due à quelques impératifs qui s'imposent de temps en temps : boulot, entourage... Je serai de retour d'ici peu pour la suite et la fin du parcours de l'oeuvre d'Ellroy et de nouveaux auteurs, français, anglais ou même un personnage situé au tout début du genre qui nous intéresse (moi en tout cas !).

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 11:49

Non content d’avoir parcouru la société de son pays au travers de sa ville et de fictions ou de révision de certains faits divers, Ellroy étend son champ d’action… Il englobe tout le territoire et revisite les décennies qui le passionnent. Il revisite l’histoire de sa nation en s’attachant aux complots et aux non-dits. Aux côtés sombres, peu reluisants.

 

C’est en 1995 que paraît American Tabloïd, premier volume de la trilogie Underworld USA. Un pavé au point de vue paranoïaque, digne du pays dont il émane. Un bouquin qui va s’attacher à démonter une période de l’histoire des Etats-Unis en en fouillant les bas-fonds, les côtés inavouables. Démonter l’image qui colle à cette période, en défaire chaque pièce comme d’un puzzle.

Pour ce faire, Ellroy reprend sa trinité, cette construction qui suit l’intrigue au travers de trois personnages. Trois personnages avec leur mal-être, leurs manques, leur passé obsédant. Trois personnages qui n’ont rien de héros mais qui vont côtoyer ces années, tenter d’y survivre… Survivre du 22 novembre 1958 au 22 novembre 1963, de Beverly Hills à Dallas en passant par Chicago, Miami, Washington, D.C.

American Tabloïd (1995)Il y a Pete Bondurant, homme de main d’Howard Hugues après avoir été adjoint du sheriff du comté de Los Angeles. Homme de main ou homme à tout faire, pourvoyeur de came, de femmes et éventuellement de solution radicale pour certains gêneurs. Il y a Kemper Boyd prêt à tout pour faire son chemin, à s’imposer en se liant par la bande au clan Kennedy, en n’étant pas à une entourloupe près. Il y a Ward J. Littell, alcoolique en voie de guérison, se rapprochant de la mafia et de ses conspirations par des moyens peu recommandables… Tous les trois intéressent les auteurs des complots qui s’ourdissent.

Une belle trinité qui nous emmène d’une côte à l’autre, d’une conspiration à l’autre, qui nous donne à voir des alliances de circonstances entre ennemis de toujours… Nous fait vivre de l’intérieur une époque devenue mythique pour une nation, une époque que l’écrivain va s’acharner à dézinguer, démonter. Il y a comme une concurrence entre la fiction de l’auteur et celle que s’est créé le pays. Une concurrence que l’écrivain veut affronter…

Les seconds rôles de cette histoire sont beaucoup moins fictifs que les premiers. Les frères Kennedy, Edgar J. Hoover, Jimmy Hoffa s’ajoutent à Howard Hugues cité plus haut. Ils ne sont pas les seuls, Lawford, Sinatra, Giancana, Traficante, Marylin ou Ava Gardner viennent étoffer le générique, inévitablement, pourrait-on dire. La CIA, le FBI et la Mafia, entre autres organisations, s’invitent également dans cet impressionnant maelstrom.

Ellroy ratisse large et passe en revue tout ce qui a pu miner l’époque et mener à ce fameux 22 novembre 1963 à Dallas. C’est paranoïaque comme le sont les Etats-Unis, c’est délirant et dans le même temps tellement collé au réel… Car ce qui transparaît dans cet opus, c’est l’énorme travail de documentation qui a prévalu à la rédaction de ce gigantesque roman dont on sent qu’il n’est que la partie émergée de l’iceberg, qu’il n’est qu’une infime parcelle de ce qu’a écrit Ellroy.

Cet important travail d’enquête influence également le style de la narration. Ce style qui a retrouvé un souffle que je n’avais pas senti (sûrement à tort) dans le précédent roman. Les rapports et autres compte-rendu se succèdent, les notes secrètes, les échanges codés et les titres de journaux viennent ponctuer les pages au style épuré, dégraissé, comme l’est le nombre de pages.

 

Tout cette somme pourrait paraître effrayante mais, au final, Ellroy nous offre un roman qui nous emporte, un roman épuisant, étouffant, nauséabond… un grand roman malade comme le pays dont il est issu et qu’il décrit.

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 22:09

Après deux romans qui marquent dans son œuvre, Ellroy poursuit son exploration de sa ville et de ses relents les plus nauséabonds. La police de la cité en est un résumé frappant, recélant tous les vices, tous les plus sombres desseins.

 

Le troisième opus du quartet paraît en 1990, l’année suivant le précédent, et s’intitule L.A. Confidential, dans la langue de Molière comme dans celle de Shakespeare. Il reprend la construction du Grand Nulle Part avec ses trois protagonistes principaux. Trois protagonistes ayant des ambitions, des motivations, qui remontent du passé, qui les hantent. Ayant des comptes à régler avec eux-mêmes…

Il y a Bud White (le même patronyme que chez Cimino), flic violent, s’acharnant à protéger les femmes, victimes éternelles, comme sa mère… Un passé que l’on a déjà croisé. Un passé que l’auteur ressasse. Il y a Jack Vincennes, L.A. Confidential (1990)dit “la Poubelle”, flic frayant avec les feuilles de choux à scandales qui font les beaux jours d’une certaine presse et qui émaillent de leurs articles le roman. Il y a Ed Exley, flic héritier d’une réussite familiale à laquelle il a du mal à se mesurer, à laquelle il veut se mesurer… Il y a ces trois flics que tout oppose, ces trois flics minés de l’intérieur, et des affaires de pornographie, de trafics, et de meurtres qui en rappellent d’autres.

Le passé hante le présent, il le pollue. Il pollue les enquêtes, détruit à petit feu la ville, cité aux anges bien ravagés, il pollue les esprits. Nous plongeons une nouvelle fois dans des âmes prises entre le bien et le mal, ces notions si floues, si proches. Nous plongeons une fois de plus dans ces rues où il ne fait pas bon vivre du Los Angeles des années cinquante.

Il y a des réminiscences pour les personnages, les affaires, mais aussi pour nous et l’œuvre d’Ellroy, nous croisons des situations étrangement similaires à d’autres, des femmes, des organisations qui pourraient rappeler Le Dahlia Noir avec ces prostituées aux visages célèbres… Nous croisons ce qui hante l’œuvre d’Ellroy et sûrement son esprit. Nous retrouvons également quelques personnages, Buzz Meeks et ce qui constitue la conclusion de l’opus du précédent roman, Ellis Loew et Dudley Smith comme de bien entendu.

Ellroy mêle les points de vue, les enquêtes, les retours en arrière. Il les entremêle et les ponctue de ce qui constitue l’une de ses marques de fabrique, les extraits de textes tirés de la presse de l’époque… Il nous concocte un roman prenant de son style qui s’affirme pleinement, une écriture hachée, un rythme de mitraillette, qui force l’attention, qui force à se plonger corps et âme dans ces pages d’une noirceur effrayante. Qui force sans nous perdre…

C’est un roman marquant. Parce qu’il confirme cette construction que le romancier adopte, ces trois personnages, ces différents supports et styles d’écriture. C’est un roman marquant parce qu’il confirme tout le talent de son auteur…

 

Un an plus tard, Ellroy pousse le bouchon, l’exigence, un cran plus loin. White Jazz poursuit l’évolution du style de l’écrivain, pousse ce rythme, cette écriture, très loin, dans leurs derniers retranchements. Et il faut s’accrocher. Il faut faire l’effort, un effort encore plus grand pour suivre Ed Exley, Dudley Smith et le narrateur, David Klein, lieutenant de police de son état. La lutte des pouvoirs s’imbrique dans les affaires, vol de fourrures, cambriolage chez des trafiquants de drogue et meurtre à répétition de clochards… Les répétitions sont légion, les scènes semblent se White Jazz (1991)reproduire à l’infinie… Le style emporte tout, nous, lecteurs, les premiers. Ellroy va très loin, se contentant de flashs, d’éclairs, pour décrire une scène, éclairant là, ici, et nous chargeant de relier le tout.

C’est un gros effort qui, pour moi, a atteint ses limites. Quand on aime un écrivain, on est prêt à le suivre n’importe où ou presque. On est prêt à accepter beaucoup de choses, à ne pas compter ses efforts pour savourer une nouvelle fois la profondeur de ses observations, la noirceur de sa vision. Mais là, je n’ai pas pu. Relire sans cesse certains passages, reprendre la lecture en ne sachant plus ce qu’il y avait juste avant parce que rien ne nous permet de nous y recoller et que le retour en arrière nous perd encore plus… Trop, trop de tout ça.

Vous l’aurez compris, je n’ai pas fini White Jazz. J’ai fini par y renoncer pour feuilleter d’autres pages moins épuisantes, moins déroutantes et prenant un peu plus soin du lecteur. J’en avais besoin…

 

Mais l’œuvre du romancier s’est poursuivie. Le quartet achevé, il s’est lancé dans une autre série et j’ai pu recoller, y revenir, avec plaisir. Ellroy n’en avait pas fini avec moi et je n’avais pas fini de l’apprécier…

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 22:01

Après un roman qui a pu en inspirer d’autres, un serial killer et son super saigneur, un peu comme le Dexter de Jeff Lindsay et son passager noir ou le Patrick Bateman de Brett Easton Ellis, le romancier retrouve sa ville et sa noirceur.

Il s’y installe pour quatre romans qui constitueront le fameux quartet de Los Angeles. Il s’y installe et s’attaque d’emblée à cette affaire qui le hante, qu’il a déjà évoqué ici ou là, notamment dans ses deux premiers romans, Brown’s requiem et Clandestin.

 

C’est en 1987 que paraît Le Dahlia Noir (The Black Dalhia). Avec cette histoire, Ellroy se plonge dans le Los Angeles de la fin des années quarante qu’il avait déjà évoqué dans Clandestin. Il brosse un portrait d’une police bouffée par la corruption, la soif de pouvoir de certains et la folie d’une société en pleine mutation.

Ellroy, en s’attaquant à cette affaire qui a nourri les journaux de son pays pendant si longtemps, au point d’en faire l’un des cas célèbres du XXème siècle aux Etats-Unis, s’inflige ce qu’il a jusqu’ici infligé à ces personnages… Un retour en arrière, la fouille méthodique d’un esprit, d’une âme obnubilée par ce meurtre, en écho à un autre. Il fouille cette Le Dalhia Noir (The Black Dalhia, 1987)obsession et en fait un de ses romans majeurs.

En 1947, le 15 janvier, le corps nu et coupé en deux d’Elizabeth Short est retrouvé dans un terrain vague. L’une des grandes énigmes judiciaires vient de naître. Elle avait vingt-deux ans, rêvait de percer à Hollywood et va marquer son pays. Les deux flics qu’Ellroy met sur l’affaire forment un duo de boxeurs, Bleichert et Blanchart. Un duo de flics qui s’enfonce pour exorciser certains souvenirs de leur auteur.

Elizabeth Short pourrait être l’archétype de toutes ces femmes, jeunes, qui viennent, au sortir de l’adolescence, tenter leur chance dans la ville du cinéma… Toutes ces jeunes femmes qui se fracassent à une réalité beaucoup moins brillante, moins dorée. Elle en est l’archétype jusqu’à sa fin prématurée. Bleichert et Blanchart prennent la suite et se fracassent à leur tour à une certaine réalité. Ils vont, comme d’autres personnages du romancier avant eux, être écartelés entre deux femmes, Betty et Kay… Deux femmes ou deux types de femmes.

Parallèlement, plusieurs personnages apparaissent, des personnages qui vont habiter l’œuvre d’Ellroy pour quelques temps, Buzz Meeks, Ellis Loew, Mickey Cohen…

Avec ce roman, Ellroy crée et délimite un univers qu’il va parcourir en long, en large et en travers pendant plusieurs années… Il évacue également des souvenirs, s’en débarrasse en leur offrant un épilogue imaginaire.

C’est une œuvre forte car peu de choses sont passées sous silence, peu de descriptions, peu de pensées, peu d’états d’âmes. Comme à son habitude, Ellroy va très loin, et nous emmène toujours plus loin, au bord de la nausée…

 

Deux ans plus tard paraît Le grand nulle part (The big nowhere). Une des œuvres particulièrement recommandables du romancier. Particulièrement recommandable à mes yeux. Peut-être parce que l’étalage, l’évocation d’une de ses lubies, dans le roman précédent, lui permettent cette fois d’écrire sans cette histoire en tête. Parce qu’il en est débarrassé, au niveau de l’écriture au moins. Et qu’il peut construire une intrigue, écrire, se pencher sur son style, sans arrière pensée.

On y voit l’apparition d’une de ses grandes figures narratives, le trio. Une trinité de personnages qui va parcourir l’histoire. L’ambitieux Mal Considine de la criminelle, Danny Upshaw obsédé par une série de meurtres et Buzz Meeks, voulant se servir d’un statut de flic retrouvé pour continuer ses trafics… Un trio torturé, qui se lance sur une affaire pour des raisons bien différentes, auquel s’ajoutent deux personnages croisés auparavant, Dudley Smith et le procureur Le grand nulle part (The big nowhere, 1989)adjoint Ellis Loew. Deux enquêtes se mêlent, une chasse aux rouges et la traque d’un assassin, et deux femmes chamboulent la donne…

C’est un roman qui marque une étape dans la carrière de l’écrivain, une structure se met en place et un sujet, une intrigue, sont exploités à fond pour faire ressortir la pourriture d’une société. Ellroy nous offre un roman foisonnant, dont on ne peu se défaire et qui hante le lecteur (au moins celui que je suis) des années après sa lecture. Les hommes vont se révéler dans l’épreuve bien différents de ce qu’ils croient, leurs motivations vont évoluer ou adopter leur véritable visage au cours des épreuves que chacun va traverser.

C’est un roman immense, l’un des plus marquants dans l’œuvre du romancier, l’un de ceux, vous l’aurez compris, que j’ai préférés. Ellroy réussit, de mon point de vue, si bien son tour de maître que dans les romans suivants, cette structure sera sa marque de fabrique. Il a trouvé avec ce livre une dimension nouvelle pour son œuvre et va l’explorer de fond en comble par la suite…

L’auteur talentueux qu’il était jusque là s’est mué en auteur incontournable. Rester à ce niveau sera dur, une épreuve, une lutte dont il ne sortira pas toujours vainqueur mais qu’il recommencera à chaque bouquin. Sans se lasser, un combat sans cesse renouvelé, qui ajoute du piment à chaque nouvelle fiction.

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 14:23

En 1986, Ellroy répond à une commande. Il est en pleine conclusion de la trilogie Lloyd Hopkins quand il commet Un tueur sur la route (Silent terror). Un roman à part dans sa bibliographie, pas uniquement parce qu’il s’agit d’un sujet qu’il n’a pas choisi mais aussi parce que le traitement qu’il en fait n’est pas dans la lignée de ses autres ouvrages.

Avec ce roman, Ellroy revient à ce qu’il avait expérimenté avant Lloyd Hopkins, à savoir un roman à la première personne. Mais cette fois, plutôt que de suivre les pensées et les actes d’un personnage placé du bon côté de la barrière, il nous offre le point de vue d’un tueur en série. Ses confessions et son parcours violent, sanglant, parfois à la limite du supportable.

Martin Plunkett analyse ou tente d’analyser sa folie, celle dans laquelle il a sombré, celle qui l’a vu dominé par celui qu’il appelle “super saigneur”, l’une des facettes de sa personnalité. Plunkett nous raconte son épopée meurtrière et ne nous épargne pas les détails. Il croise un autre sérial killer et l’homosexualité latente, déjà présente dans les romans Un tueur sur la route (Silent Terror, 1986)précédents d’Ellroy, revient sur le devant de la scène.

Ellroy revient à ses deux premiers romans en écrivant une histoire de manière subjective et reprend certains thèmes présents dans la trilogie Hopkins, le point de vue du meurtrier. Les origines de sa folie. Mais le roman reste à la première personne et l’une de ses limites réside dans l’adoption de ce point de vue unique. L’une des autres limites étant peut-être l’intérêt qu’a porté l’écrivain à son histoire, peut-être déjà tout à son prochain opus, à cette affaire qui l’obnubilait depuis longtemps. Une certaine impatience.

 

Malgré tout, avec ce roman, Ellroy profite de la commande pour expérimenter. Il travaille sur son style et le traitement qu’il peut faire d’une histoire. Il utilise de manière répétée et pour la première fois les journaux. Il les cite allègrement, nous offrant des articles entiers. Ils sont une référence pour le narrateur, une manière d’avancer dans sa confession comme dans ses actes. L’importance des médias et du dialogue qu’ils offrent à ses protagonistes est un aspect important des romans d’Ellroy. Il développera ces citations en longueur dans ses romans suivants, les ajoutant aux autres citations d’écrits, mémos internes, compte-rendu de réunions ou encore unes ou titres d’articles… l’idée est là, en germe.

Le style, quant à lui, se fait plus rythmé, plus haché… Cette évolution se concrétisera avec le quartet à venir.

 

Ce roman d’Ellroy qui pourrait être pris comme une parenthèse dans son œuvre n’en est pas une. Il l’a exploité pour faire avancer sa construction d’une intrigue, pour évoluer comme à chaque roman. Un aspect apparaît ainsi de manière prégnante, il s’agit de son besoin de se documenter pour raconter une histoire… d’où l’importance de ces écrits qui débordent dans la narration même de l’intrigue.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 16:13

Après Fred Underhill et ses merveilles, sa recherche de moments qui font que la vie vaut la peine… de ces moments qui le poussent vers l’avant, Ellroy revient au présent et brosse le portrait d’un nouveau personnage central, Lloyd Hopkins.

 

Lloyd Hopkins est flic et il apparaît pour la première fois en 1984 dans Lune sanglante (Blood on the moon). Il apparaît pour la première fois lors des émeutes qui ont embrasé le quartier de Watts à Los Angeles en 1965. Il apparaît lors d’un épisode sanglant au milieu du chaos… Il n’est pas le premier à apparaître, un autre personnage l’a précédé, un poète, victime d’un viol un an auparavant.

Lune sanglante (Blood on the moon, 1984)Nous retrouvons ensuite Lloyd Hopkins au début des années 80, il est flic et sa réputation n’est pas forcément reluisante. Un bon flic mais inquiétant pour ses collègues, tellement épris de justice qu’il est prêt à dépasser certaines limites… Epris de justice et obsédé par les femmes. Lloyd Hopkins est un flic hors norme, capable de débusquer le crime là où d’autres n’avaient jusqu’ici rien vu… Un mano a mano va s’enclencher. Un mano a mano entre deux hommes étrangement semblables, étrangement proches, aux obsessions étrangement similaires. Ils ne concrétisent pas leur amour, leur obsession pour les femmes, de la même manière mais…

Ellroy avait privilégié un personnage dans ses deux premiers romans, nous décrivant leur itinéraire au travers de leur point de vue, faisant d’eux les narrateurs d’une intrigue à la première personne. Cette fois, l’écrivain se fait narrateur et observe de près deux individus, deux personnages passablement abîmés. Deux personnages dont l’origine d’un certain désordre psychologique est à chercher dans le passé. Un passé, encore une fois, si semblable.

D’où leur vient cette manière si différente de le conjurer ? De tenter de s’en affranchir ? Leur manière est-elle si différente ?

Ellroy nous offre un roman fort, très fort. Noir, très noir. Un roman qui marque, qui dérange, qui bouscule.

Le style d’Ellroy évolue, il gagne en précision, en concision, et s’adapte parfaitement à l’intrigue. Les personnages sont fouillés, leur côté sombre, inavouable est mis en lumière et l’âme humaine n’en sort pas forcément grandie.

C’est également une illustration de la société états-unienne, de la folie qu’elle engendre, de la paranoïa qui lui est inhérente…

 

La même année paraît le deuxième volet de ce qui sera une trilogie. Lloyd Hopkins revient et ses démons sont toujours présents même s’il en perçoit mieux l’origine et les conséquences en ayant accepté que certains souvenirs refassent surface.

Dans A cause de la nuit (Because of the night), Lloyd Hopkins paie ses excès. Son intelligence au-dessus de la moyenne, ses capacités de déduction, de séduction, ne lui sont d’aucun secours. Au contraire. Sa femme et ses filles l’ont quitté et sa conception toute personnelle de la façon de mener une enquête l’isole. Sa passion excessive pour les femmes et son boulot s’est retourné contre lui.

Il doit avancer, se plonger dans le travail pour peut-être trouver une issue. Son boulot, ses méthodes, lui ont bien A cause de la nuit (Because of the night, 1984)permis d’aller de l’avant, de purifier un peu le monde lors de son enquête précédente, même si elle lui a aussi apporté son lot de douleurs.

Alors Hopkins se plonge dans cette enquête sur un triple meurtre, il mène aussi des investigations sur la disparition d’un autre flic… Et il va directement dans un piège, tendu par un manipulateur, un homme capable de jouer avec l’esprit des autres et voulant se mesurer à celui du flic d’Ellroy. Un homme dont le destin pourrait paraître inéluctable.

Après avoir aidé son personnage central à se relever encore et encore dans l’opus précédent, le romancier l’enfonce, l’observe qui s’écroule. Il scrute en parallèle, comme dans l’opus précédent, celui que son personnage récurrent affronte, un psychiatre, “voyageur de la nuit”.

Avec cette trilogie, Ellroy a pris le virage du noir. De manière décisive. Il a pris ce virage et l’assume, apportant un souffle, une dimension au noir, qui n’est pas sans rappeler certains ainés… Affronter les pires penchants de l’être humain est ce qui semble intéresser Ellroy. Les pires penchants de l’humain dont son pays semble avoir provoqué l’éclosion, ou en tout cas, les avoir poussé à un certain paroxysme.

 

Le troisième et dernier opus de la série atterrit sur les gondoles d’outre-Atlantique en 1986. La colline aux suicidés (Suicide hill) achève de nous raconter la destinée de Lloyd Hopkins. Cette série qui devait comprendre cinq volumes s’arrête au troisième, son auteur désirant passer à autre chose. Après avoir chassé les démons de son personnage, avoir rendu floues les frontières entre le Bien et le Mal, il veut s’attaquer à ses propres cauchemars. Mais avant, il La colline aux suicidés (Suicide Hill, 1986)contemple une dernière fois la chute d’Hopkins…

Le monde est si proche des obsessions du personnage principal, sexe, violence, drogue, décadence… La société est dévoyée et Lloyd Hopkins ne peut tout changer. Son intelligence, un certain génie, sa violence, le condamnent. Tout comme sa recherche de l’amour…

De nouveau, le flic va devoir affronter un jumeau, un jumeau qui choisit pour parvenir à ses fins, assouvir ses rêves, de basculer du mauvais côté de la loi… C’est bien par amour qu’il commet ses méfaits, qu’il perpétue ses crimes mais l’addition va devenir salée, son parcours ensanglanté.

De son côté, Hopkins continue de payer ses égarements, loin de sa famille, dans le collimateur de ses supérieurs. Il continue de se perdre dans les méandres de son esprit, de ses convictions, de ses instincts et de sa vision de la manière de faire respecter la loi. Une vision qui penche bien souvent du mauvais côté aussi. Avec des méthodes plus que contestables.

Nous avons fini par nous attacher à ce personnage miné, plombé, dévasté. Nous avons fini par nous y attacher malgré tout, remettant sans cesse en question nos propres convictions pour mieux le suivre, le comprendre. Nous avons suivi Ellroy loin, très loin, emporté par un conteur hors pair qui n’en a pas fini avec nous. Un conteur qui de nouveau nous décrit sa ville, y retourne avant de s’y plonger complètement dans un quatuor qui marquera le roman noir, qui confirmera que le roman noir a toute sa place dans la littérature. Quoi qu’on en dise.

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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 14:56

James Ellroy débarque dans le roman noir, dans le roman tout court, en 1981. Son premier bouquin s’intitule Brown’s requiem de ce côté-ci de l’Atlantique comme de l’autre.

L'écrivain débutant qu’est alors James Ellroy commet un roman policier aux allures classiques. Un privé prend la parole, la plume, et nous raconte son quotidien. Un privé spécialisé dans la récupération de voitures aux traites impayées. Un privé qui en a bavé, qui lutte contre certains penchants, l’alcool, la drogue. Un privé ancien flic, comme il se doit, flic viré pour une affaire qui lui reste en travers de la gorge. Désabusé, donc, Fritz Brown arpente les rues de Los Angeles en écoutant Beethoven ou Brahms. Le décor est planté. Le style est direct.

L’histoire débute dans la routine quotidienne de Brown, routine qui sera bientôt chamboulée. Chamboulée par une affairBrown's Requiem (1981)e qu’il accepte parce qu’elle paraît simple. Surveiller la sœur de son client et voir ce qu’elle fricote avec un homme bien plus âgé qu’elle, voir et comprendre. Cette affaire va réveiller de vieux souvenirs et s’avérer être, peut-être, le moyen pour Brown de gommer un passé dont il ne peut se défaire, un passé qui le hante, qu’il ressasse, sans réussir à l’oublier. A oublier ses ressentiments.

Nous sommes dans une histoire classique. Une enquête menée par un dur à cuire, un blasé, une enquête qui va se révéler sordide. Les personnages sont à l’avenant, détruits, destructeurs… Et Brown va devoir accepter d’aller très loin, beaucoup plus loin que ce que le petit confort dans lequel il s’est installé devrait lui permettre d’accepter.

Nous arpentons les rues de Los Angeles sur une bande-son classique, à la suite d’un homme hanté par des démons, en découvrant d’autres dont le moindre n’est pas le souvenir d’une affaire de la fin des années quarante, une femme coupée en deux et retrouvée dans un terrain vague, une certaine Elizabeth Short. Nous arpentons les rues de Los Angeles, ses fairways et ses greens… A la suite d’un homme qui, pour atteindre la rédemption, devra s’enfoncer profondément. Du côté des incendiaires, des obsédés sexuels et des femmes perdues.

 

Un an plus tard, Ellroy commet son deuxième roman, Clandestin (Clandestine dans la langue de Shakespeare).

Un deuxième roman qui nous ramène en Californie, à Los Angeles. Après les années soixante-dix, nous arpentons la ville dans les années cinquante.

Nous arpentons la ville à la suite d’un flic, Fred Underhill. Un flic plein d’ambition, motivé mais qui va se casser les dents sur une affaire. Underhill nous raconte son histoire à la première personne… Nous le suivons de près, quand son partenaire se fait tuer, quand il décide d’aller jusqu’au bout pour résoudre une affaire qui le touche. Une enquête sur des femmes étranglées qui le fera basculer, qu’il menera clandestinement et qu’il ne pourra pas résoudreClandestin (Clandestine, 1982) avant qu’une nouvelle victime tombe quelques années plus tard. Underhill s’aventure loin, côtoie des flics pas toujours reluisants, parmi eux, un certain Dudley Smith. Underhill va tempérer ses ambitions, se fracasser à une réalité dont il se pensait immunisé… Pas si simple. Pas si simple quand on croise un ado de douze ans devenu orphelin après le meurtre de sa mère, quand on croise d’autres femmes étranglées, quand on finit par redouter pour la sienne…

Ellroy nous offre, pour ce deuxième roman le portrait d’un homme qui dégringole, qui se relève, qui chute encore et qui en arrive à chercher une certaine rédemption. Un livre comme un écho au premier, avec ses golfs, ses femmes, ses trafics. Dans un Los Angeles encore marqué par le meurtre irrésolu d’une femme quelques années plus tôt, une femme coupée en deux…

Le style est direct, pas encore à la mitraillette, mais déjà reconnaissable. Les personnages sont fouillés, auscultés jusqu’au plus profond de leur âme.

 

En deux romans, Ellroy s’est créé un univers, a couché sur le papier quelques unes de ses obsessions. Il s’est livré, s’est exposé, sans que l’on sache jusqu’à quel point… Une démarche qui touche, qui fait mouche, qui bouscule.

En deux romans, il a rendu hommage à une ville et décrit la noirceur d’une société…

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 20:23

Ellroy s’est fait une place sur mes étagères il y a déjà un moment. Impossible de me souvenir si c’était à la suite d’un article élogieux ou d’autre chose… Je sais qu’il est arrivé dans mon univers avant que je ne m’intéresse de manière approfondi à un genre en particulier. Il est arrivé parce qu’une certaine presse fait de lui un écrivain qui rend poreuses les limites du roman noir… comme s’il y avait des limites et comme si les autres genres étaient plus grands, plus intéressants, plus profonds.

 

Plusieurs possibilités pour expliquer l’irruption de l’angelin dans mon voisinage. Il y a d’abord celle de l’article dont je parlais plus haut. Il y a ensuite celle de la vision d’une adaptation d’un roman du bonhomme, du style L.A. confidential de Curtis Hanson. Quels que soient la raison et le moment de son arrivée, elle n’est pas si ancienne que cela… Il me semble que j’avais vu l’adaptation cinématographique et que devant la réussite qu’elle était, je m’étais méfié du roman qui l’avait inspiré, sûrement influencé en cela par Stanley Kubrick qui affirmait qu’un bon roman ne fera jamais un bon film, qu’il l’avait compris après avoir adapté Lolita et qu’il n’avait plus commis l’erreur ensuite, choisissant toujours des œuvres moyennes… Réflexion du cinéaste sûrement appréciée par Arthur C. Clarke et Anthony Burgess (à moins qu’il ne l’ait finalement faite qu’après les avoir adaptés) ou encore Stephen King…

Bref, j’ai commencé, ça j’en suis sûr, par la trilogie Lloyd Hopkins, l’une des rares incursions du romancier dans le présent, un présent assumé et réel. Ou réaliste. Il y en a eu d’autres.

Ce fut sûrement une bonne façon d’entrer dans son œuvre puisque j’en ai lu la totalité depuis. Et que je ne vais pas tarder à la parcourir de nouveau.

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